C'est annoncé sur le site du quotidien de révérence Le Monde : "La mission des six chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui devaient se rendre au Mali pour exhorter les militaires putschistes à renoncer au pouvoir, a été annulée. Les présidents de Côte d'Ivoire, du Burkina Faso et du Bénin ont renoncé, jeudi 29 mars, à leur visite à la suite d'une brève manifestation a l'aéroport par des partisans des auteurs du coup d'Etat, a-t-on appris de sources concordantes." Ouattara, qui préside la Cédéao, a pendant le vol "entendu parler des manifestations et (...) fait demi-tour", a déclaré son porte-parole, Kady Traoré. Blaise "Serial Killer" Compaoré, toujours courageux, "ne vient plus". Lui non plus. Pas plus que le Bénin président Boni Yayi, pourtant actuel président en exercice de l'Union africaine (UA).
La délégation conduite par Ado venait discuter avec la junte de "la manière de revenir au plus vite à l'ordre constitutionnel, une semaine après le coup d'État du 22 mars, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré."
Les manifestants qui ont mis en fuite les hardis pantins ont empêché un dialogue qui s'annonçait si savoureux que le Dr Cheick DIABATE, Chercheur, à l'Université du Colorado, USA, l'a imaginé...
Mr OUATTARA : Au nom de la CEDEAO je suis venu vous signifier que nous sommes pour une tolérance zéro face aux coups d’Etat par conséquent je vous demande de rétablir au plus vite le Président TOUMANI TOURE dans ses droits.
Mr SANOGO : Cher collègue, je vous rappelle que vous êtes l’auteur du plus long coup d’Etat du monde contre le Président constitutionnel de votre pays Laurent Gbagbo de 2002 à 2011 et la CEDEAO a eu une tolérance infinie à votre égard ; pourquoi deux poids deux mesures ? Je ne fais que suivre vos traces si vous appelez cela un coup d’Etat; par conséquent, si vous rétablissez l’ordre constitutionnel chez vous, je suis près à suivre votre exemple. Je pense que vous et Mr SORO Guillaume votre chef rebelle devenu Président de l’assemblée nationale contre la constitution ivoirienne, êtes des exemples à suivre et c’est ce que je fais si vous considérez que j’ai fait un coup d’Etat. Je souhaite donc que la CEDEAO agisse envers mois comme il a agit envers vous.
Mr OUATTARA : Mr SANOGO, ma patience a des limites, je suis venu vous dire que vous devez remettre le pouvoir à celui que la constitution reconnait comme président sinon je lève une armée contre vous pour vous y obliger.
Mr SANOGO : Mr OUATTARA, jusqu’à preuve du contraire vous n’êtes ni le conseil constitutionnel du Mali ni le peuple Malien par conséquent vous ne pouvez juger de la constitutionnalité des pouvoirs exceptionnels que j’exerce actuellement en vertu de la situation de guerre que vit mon pays ; pouvoirs exceptionnels prévu par la constitution du Mali. Je suis donc dans l’ordre constitutionnel du Mali. Je vous suggère de remettre votre requête au conseil constitutionnel du Mali pour examen. Quant à l’usage de la force, vous auriez du y penser contre les rebelles touaregs qui ont porté atteinte à l’intégrité du territoire, massacré 70 soldats de mon armée en janvier 2012 et à l’exil forcé interdit par notre constitution de milliers de maliens. Les rebelles du MNLA n’ont-ils pas violé l’ordre constitutionnel en portant atteinte à l’intégrité du territoire ? Pourquoi cherchez-vous le dialogue avec eux et pas avec moi ? Pourquoi avez-vous assisté en silence aux massacres des soldats et à la souffrance de la population ?
Mr OUATTARA : Le Mali subit un coup d’Etat par votre faute et cela est intolérable.
Mr SANOGO : Il s’agit d’un Etat de siège et non d’un coup d’Etat ; nuance .
Mr OUATTARA : j’ai une résolution de la CEDEAO à appliquer et j’irai jusqu’au bout. Je vous demande donc le rétablissement de l’ordre constitutionnel.
Mr SANOGO : j’ai un devoir à accomplir au nom du peuple souverain du Mali et j’irai jusqu’au bout. Je crois que je me suis fait suffisamment comprendre. La mission de la CEDEAO n’est pas de faire la guerre mais la paix. L’ECOMOG doit donc être une force d’interposition en cas de conflit armée et non une force belligérante. L’aveuglement dont fait preuve la CEDEAO actuellement a suffisamment dégradé la sécurité sous-régionale pour y en ajouter. Si c’est ainsi que vous entendez le rôle de la CEDEAO sous votre mandat à l’mage de vos prédécesseurs je vous souhaite bonne chance à vous et à la sécurité de la sous région.
Photo - dr Texte - Dr Cheick DIABATE, Chercheur, Université du Colorado, USA