Dialogue avec un écolo en marge d'un cortège pro-Gbagbo le 1er mai à Paris

Publié par Gri-Gri International Grégory Protche Raphael Dieye sur 5 Mai 2014, 00:00am

Catégories : #Côte d'Ivoire - Élections 2010

Manif malingre pour le 1er mai à Paris.

Les Ivoiriens confinés en fin de cortège, entre les Kurdes et les Sahraouis.

Comme dit Célestine, entre immigrés.

Pluie, joie, constance et détermination.

Bastille (3h à poireauter) Nation.

Dans les derniers hectomètre, avant la place de la Nation (et le Canon, café où on pratique de fait le refus des pauvres en imposant le café à 5,70 euros passé 18H... si, si), j'aperçois une sorte de mini stand...Ecologie les Verts !

Comment résister...

Je me poste devant eux et demande à la criée : "Toujours pro-Oattara ? Toujours traîtres aux forces de progrès ? Toujours du côté du FMI, de Sarkozy et du PS ?"
Un moustachu moins bobo qu'écolo à l'ancienne essaie de me vendre leur position... "On voulait un recompte !"
- Tu te fous de ma gueule ? Vos leaders parlaient, comme les autres, de CPI pour Gbagbo... le seul qui ait réclamé le recompte, c'est lui, tout seul, comme un con, dans son palais sous VOS bombes.
- Oui, mais Gbagbo n'est pas tout blanc...
- Et ?

Je me sentais en pleine forme polémique. Des mois que j'avais pas palabré pour le plaisir de gagner.

- Gbagbo seul a déposé des recours. Pas Ouattara. Il n'y a donc que Gbagbo à s'être plaint de tricheries...le seul à croire en les institutions et le droit... Ça fait quoi d'être au niveau du MODEM en politique étrangère ?
- Oui, mais Gbagbo avait instrumentalisé la Commission électorale...
- Tu veux dire le Conseil constitutionnel ?
- Euh...
- Parce que la Commission électorale indépendante était ouattariste à plus de 70%. Depuis, au moins la table ronde de Marcoussis, en 2003.

(Faire son malin en faisant le sachant, stratégiquement, plaisir subtil accessible exclusivement aux inexaucés)

- Je suis d'accord, mais tu sais, en Afrique...

Mon petit plaisir : le moment où le Blanc se sent blanc au point d'oublier que les Noirs sont des hommes comme lui.
Sous des trombes d'eau (Dieu qui pleurait de rire ?), il a fini par admettre qu'il manquait d'informations.

- Et ton ami tout à l'heure m'a dit que c'était toi qui t'occupais des questions de politique internationale... c'est angoissant. Vous êtes angoissants, les gars.
- Envoie-moi des éléments...
- Tu sais qu'en France, seuls le FN, Mélenchon et le PC (et encore, pas tout de suite, y'a d'abord fallu qu'ils prennent ce Yannick Noah du pauvre de Tiken Jah pour un analyste subtil de la crise postélectorale mi décembre 2010, quand même ! Merde !) étaient opposés à l'intervention militaire...? Ça, pour vous, t'es d'accord, c'est la honte totale, le pêché irrémissible : vous retrouver du même côté que Sarkozy, les chars et le FMI...?

Il m'a donné sa carte.
J'ai rejoint mes amis ivoiriens sur la place de la Nation.
Incroyable spectacle : en moins de 10 minutes, tous les cortèges s'étaient dispersés !!!
Restaient que mes Ivoiriens !
Et...la police !
Qui déjà les encerclait comme s'ils étaient les représentants foncés-foncés d'un al quaida tropicalo-négroïde.
Pas de doute possible, on est bien en France.

Paris, 1 er mai 2014

Photo - Raphael Dieye Texte - Grégory Protche

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