Dessin paru en Une du Gri-Gri en février 2006, mais interdit de distribution à l'Assemblée nationale à cause de la caricature, non pas de Chirac, mais de Sarkozy en poupée vaudoue.
En février 2006, la rédaction du Gri-Gri International, met en Une le président Chirac, avec, près de lui, sur le dessin de Waga, une adorable et bienveillante caricature du futur président Sarkozy en poupée vaudou transpercée... Les ventes du journal, qui sortait alors en kiosques, stagnaient péniblement. L'idée était née parmi nous d'un petit coup médiatico-politique digne et défendable moralement. Ayant déjà procédé de la sorte, avec feu le journal Tant pis pour vous, en 2004, je propose qu'on aille déposer à l'Assemblée nationale, à chaque député, nominalement, dans sa boîte à lettres personnelle, un exemplaire du Gri-Gri International, sous enveloppe (la procédure est rigoureuse), accompagné d'une lettre à en-tête du journal. Photocopies de la lettre, impression d'étiquettes nominales, achat d'enveloppes. Une joyeuse soirée passée à préparer tout ça.
À l'Assemblée, a priori, pas de souci. Le cerbère vérifie le contenu des enveloppes. Pas d'anthrax. Ouf. Le dessin le laisse de marbre. Ok, c'est bon, messieurs. Voilà les presque 600 enveloppes. Je connais le parcours dès lors : la Questure. Ça rime avec censure. L'officine chargée (par qui ?) de statuer sur ce que les représentants de la nation peuvent ou pas recevoir de la part de leurs électeurs et administrés... Ni le dessin ni le contenu du journal n'ayant le moindre caractère injurieux, offensant ou diffamatoire, aucun de nous n'imagine un instant que la Questure puisse émettre un avis défavorable (sans en informer ni s'en expliquer auprès des députés, d'ailleurs).
"Dans une première lettre accompagnant les journaux déposés le 8 février, la rédaction expliquait vouloir "attirer l'attention" des députés sur l'actualité de la Françafrique en métropole, mais aussi aux Antilles, dans le Maghreb et en Afrique noire francophone". L'équipe expliquait encore vouloir "jouer son rôle de 'poil à gratter' dans une presse politique française un peu émoussée, en allant au devant de celles et ceux, mandatés par le peuple, qui font la politique". (le Nouvel Obs).
Après le refus de la Questure de transmettre le journal, nous décidons, évidemment, d'écrire aux députés le 15 février une deuxième lettre les informant de la "censure". (Imagine-t-on un satirique, dans son bon droit et même mieux, exemplaire civiquement, qui passerait à côté d'un tel début de polémique ?) : "Les députés français savent-ils qu’une 'questure' juge à leur place de ce qu’ils sont en mesure de lire ou pas ?"
"En France, on a le droit de caricaturer le Prophète musulman Mahomet, mais pas le président de la République", nous étonnions-nous alors... Les condamnations prononcées contre ceux qui moquèrent Sarkozy ou reprirent en sa présence des expressions qu'il avait lui-même employées, mais aussi les indignes soutiens à l'indigne Charlie Hebdo (canard où s'ébattent grabataires, néo-conn(e)s et fausses septiques, dirigé par le haineux et bas du front Charb) achèveront d'utilement le démontrer.
Dessin - Waga Texte - G.P.
Bonus : le visuel qui circula alors sur le web et en tract