Pierre Kipré, ancien ambassadeur à Paris de la Côte d'Ivoire
Il est toujours amusant de vérifier combien des mêmes faits, dires et gestes on peut tirer d'interprétations et conjectures contradictoires... Ainsi, voici ce que rapporte l'admirable et (malheureusement) increvable AFP. "Le tribunal de grande instance (TGI) de Paris a jugé vendredi irrecevable une assignation déposée par l'ancien ambassadeur ivoirien à Paris, partisan de Laurent Gbagbo, contre l'Etat français auquel il reprochait d`avoir reconnu son successeur, nommé par Alassane Ouattara." Précisons que l'assignation ne concernait pas exclusivement cette reconnaissance de successeur... elle visait aussi et surtout des voies de fait, dégradations, saccages et injures publiques. Le tout sous les yeux bovins et sans réaction de forces de l'ordre française qui ont laissé ces agissements se commettre. Battant en brèche les plus élémentaires règles de la Convention de Vienne. Que la France de Nicolas Sarkozy a donc violée.
L'AFP et la vérité, ça fait déjà dix. Alors, l'AFP et la rigueur... L'agence Tass française nous rafraichit ensuite la mémoire : "Ally Coulibaly, l'ambassadeur de Côte d`Ivoire en France nommé par M.Ouattara et reconnu par Paris, avait pris possession fin janvier de son ambassade à Paris, provoquant une tension diplomatique supplémentaire entre la France et le camp de Laurent Gbagbo, le président sortant de Côte d'Ivoire." Argument supplémentaire, dans l'assignation de l'ex-ambassadeur M.Pierre Kipré (rentré depuis en Côte d'Ivoire) : un "trouble au droit de propriété de l'Etat de Côte d'Ivoire sur les immeubles de l'ambassade". Alors ça, l'AFP s'en souvient, mais n'en tire rien. Pas intéressant comme info... ? Le juge des référés du TGI de Paris a déclaré irrecevable cette assignation, au motif notamment qu'il "n'appartient pas au juge judiciaire de donner son avis sur le résultat des élections en Côte d'Ivoire". Formule qui aurait mérité une exégèse... "Une des avocates de M. Kipré, Me Lucie Bourthoumieux, a annoncé à l'AFP qu'elle comptait faire appel de cette décision." Quel dommage que l'AFP n'ait pas cru bon de lire le communiqué des avocats de M.Kipré...et surtout d'en citer quelques attrayants extraits : "En fondant sa décision sur l’irrecevabilité, le Vice-Président du Tribunal de Grande Instance de Paris, Juge des Référés, a préféré éviter la question de fond, qui était de constater la voie de fait découlant de la décision illégale de Nicolas SARKOZY et de l’occupation illégale des immeubles appartenant à la République de CÔTE D’IVOIRE en France."
Cependant, ajoute le communiqué "le Vice-Président du TGI rappelle qu’il « n’appartient pas au juge judiciaire de donner son avis sur le résultat des élections présidentielles en CÔTE D’IVOIRE ». Nous nous joignons à cette position pour dire qu’il n’appartient pas davantage au Président de la République Française de choisir le Président de la République de CÔTE D’IVOIRE." Et nous donc.
Photo - dr Texte - GP