Il n'aura pas fallu longtemps à l'Elysée pour réagir. Accusé jeudi par Mediapart de conflit d'intérêts alors qu'il était membre de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS), Aquilino Morelle, conseiller de François Hollande, a annoncé, vendredi 18 avril à l'AFP, sa démission. « Je veux redire que je n'ai commis aucune faute. Je n'ai jamais été en situation de conflit d'intérêts, affirme Aquilino Morelle. Néanmoins, j'ai décidé de mettre fin à mes fonctions de conseiller à la présidence de la République. »
« Depuis quarante-huit heures je dois faire face à des insinuations et des allégations qui visent à mettre en cause mon honneur », affirme le conseillerélyséen dans un communiqué qui justifie sa démission par sa volonté d'être« entièrement libre de répondre à ces attaques ». Aquilino Morelle explique également avoir pris sa décision « pour ne pas gêner l'action du président de la République, du gouvernement et de la majorité, dans un moment particulièrement difficile de la vie du pays ». « Je le fais, enfin, pour protéger ma famille », conclut-il. Pour autant, cette décision a été prise en accord avec Matignon. « Le premier ministre a reçu en tête à tête ce matin à Matignon Aquilino Morelle. Il lui a conseillé de quitter l'Elysée afin de répondre librement aux questions de la presse », a indiqué l'entourage de Manuel Valls.
Le conseiller du président de la République, énarque et médecin, est accusé par Mediapart d'avoir « travaillé en cachette pour des laboratoires pharmaceutiques »quand il était inspecteur général des affaires sociales. Selon le site d'information, Aquilino Morelle a touché 12 500 euros d'un laboratoire danois, Lundbeck, en 2007 alors qu'il était à l'IGAS.
- La Haute Autorité pour la transparence ouvre une enquête
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique a annoncé qu'elle avait désigné un rapporteur pour étudier les déclarations de patrimoine et d'intérêts d'Aquilino Morelle. L'institution, créée par les lois d'octobre 2013 relatives à la transparence de la vie publique, ne pourra toutefois pas examiner les faits antérieurs à 2009, la loi ne prévoyant que les déclarations ne portent que sur les cinq dernières années.
- Morelle n'avait pas demandé d'autorisation à l'IGAS…
Vendredi matin, l'IGAS a indiqué que le conseiller élyséen n'avait pas demandé d'autorisation avant de prodiguer ses conseils aux laboratoires pharmaceutiques. « Il n'y a pas eu de demande d'autorisation portant sur les activités d'expertise ou bien de consultation au bénéfice de l'industrie pharmaceutique dans les années récentes », a expliqué l'IGAS dans un courriel reçu par Le Monde. Et de préciser : « Dans le cas particulier des activités extérieures de M. Aquilino Morelle, le service n'a retrouvé dans les archives que les autorisations portant sur une activité d'enseignement à l'université Paris-I. »
- … mais assure avoir « respecté toutes les règles »
Réagissant aux attaques de Mediapart, Aquilino Morelle s'était défendu, jeudi sur sa page Facebook, de tout conflit d'intérêts. Rappelant qu'il est « docteur enmédecine, ancien interne des Hôpitaux de Paris et ancien élève de l'ENA », mais aussi « inspecteur général des affaires sociales », Aquilino Morelle assurait avoir« respecté toutes les règles et toutes les procédures, en particulier le passage devant la commission de déontologie » de la fonction publique d'Etat.