7 jours loin du monde, de Jérôme Reijasse, la vie quotidienne d'un Français sous la désoccupation - par Patrick Besson

Publié par Patrick Besson le Point dr www.legrigriinternational.com sur 18 Juillet 2013, 09:15am

Catégories : #Jérôme Reijasse 7 jours loin du monde

Patrick Besson & Jérôme Reijasse, le 11 juin 2013, terrasse du Lieu Dit, rue Sorbier, Paris, juste après la lecture de 7 Jours loin du monde à la librairie le Monte en l'air

Le prix Orange remis à Émilie Frèche pour Deux étrangers (Actes Sud) dans les salons de l'hôtel Lutetia au deuxième jour de la garde à vue du patron de l'entreprise, Stéphane Richard. Qui était donc absent. Patrick Frèche, le père d'Émilie, était présent, lui. Comme il l'est dans le roman de sa fille. C'est le créateur de la marque Loft. J'espère pour lui qu'il ne fait pas fabriquer ses jolis vêtements gris clair ou gris foncé au Bangladesh. Discours de Christine Albanel et d'Érik Orsenna. David Foenkinos était avec son fils pour décourager les paparazzi, Florian Zeller en tenue kaki pour affronter le peloton de ses spectatrices. André Bercoff est arrivé avec Daniel Hechter, mais rien ne permet de dire qu'ils vont bientôt se marier. J'étais moi-même avec Cyril Montana, l'époux d'Anggun et l'auteur de Je nous trouve beaux (Albin Michel). La mixité serait-elle sur le point de disparaître du monde intellectuel comme elle est en train de le faire dans les banlieues : les garçons méchants d'un côté de la prison, les gentilles filles de l'autre côté de la maternité ? Du reste, Cyril et moi, on est repartis ensemble. Pour aller à la fête anniversaire de la Colombienne Laura Castellanos dans le 2e. J'ai pris un taxi et Cyril m'a suivi sur son scooter. Assez d'ambiguïtés.

J'ai oublié le nom du restaurant de la rue des Cîteaux où se passait la fête, mais comme il n'y en a qu'un, inutile de le nommer, ses clients le reconnaîtront. C'étaient d'autres Français, une jeunesse en pleine expansion économique et amoureuse. Il y avait des filles de Saint Laurent et des filles d'Agnès b. Quelques-unes étaient allées au Cambodge. On fabrique aussi beaucoup là-bas. Quand on ne boit pas de vin, on est vite soûlé par ceux qui en boivent. J'ai proposé à Cyril de me suivre à Ménilmontant, où Grégory Protche et son équipe du Gri-Gri (www.legrigriinternational.com) organisaient une soirée pour la sortie du nouveau livre de Jérôme Reijasse, 7 jours loin du monde.

On a retrouvé Grégory, Jérôme et leurs amis à la terrasse du Lieu-Dit, rue Sorbier. Ils terminaient de gros hamburgers. Cyril a continué au vin rouge et je suis resté à l'eau. La conversation s'est mise à gambader et pour la première fois de la soirée je n'ai pas souffert de ne pas être ivre. Jérôme Reijasse fait de lui-même, au dos de 7 jours loin du monde, un portrait qui m'a paru fidèle à mon voisin de table : "Jérôme Reijasse n'a peut-être même pas 40 ans. Supporter du PSG, donc homme déçu (...) Lyrique. Éxalté. Capable de trouver des raisons de vivre valables dans un groupe ou un artiste encore incontrôlé." Reijasse est un protestataire élégant, tendre, mélancolique, cultivé. Comme il y en a de plus en plus dans les cafés et de moins en moins dans les médias. Le pays réel contre le pays qui a la gale. Jérôme a une écriture ronde et appliquée, c'est celle d'un adolescent qui prend soin de sa colère contre les adultères de la pensée. Recueil parsemé de notations brutes : "Dimanche soir, j'ai raté DSK. Il y avait du foot." La vie quotidienne d'un Français sous la désoccupation.

Photos - dr Texte - Patrick Besson