Jérôme Reijasse n'a peut-être même pas 40 ans. Supporter du PSG, donc homme déçu. Écrivain (Parc). Journaliste chez Rock'n Folk. Traducteur pour les rockeurs à la télé. Rédacteur en chef d'une émission culturelle quotidienne. Lyrique. Exalté. Capable de trouver des raisons de vivre valables dans un groupe ou un artiste encore incontrôlé. Proposera chaque lundi (même si des fois ça tombe le mardi ou le mercredi) désormais ses 7 Jours loin du monde aux lecteurs du Gri-Gri.
Hier, au Parc, pour l’affiche PSG-Lille, on nous avait promis David Beckham en invité spécial. On a juste eu droit à un Père Noël de pacotille, accompagné de deux enfants, pour un coup d’envoi fictif. Et un match nul, à tous les niveaux.
Bien sûr, seulement une minorité a sifflé l’Argentine grande gueule quand elle est sortie dix minutes avant la fin. Pastore parle pourtant beaucoup dans la presse ces derniers temps. Il ferait mieux de se (re)mettre au football. Ancien de Palerme et c’est tout. Avant de se la péter Diego, il aurait tout intérêt à d’abord respecter le public qui le porte. Voilà bien le problème avec la nostalgie : elle donne des ailes de haine. Il y a à peine trois ans, ses déclarations de petite conne dans les micros européens auraient suffi à faire naître une bronca éternelle. Tant pis. La reine des talonnades inutiles n’est pas très loin de chuter de son trône en carton. Qu’elle se méfie quand même : Nous avons été castrés par le PSG mais j’ai pu sentir dans les tribunes depuis quelques temps comme un souffle ancien. Un souffle capable autrefois de faire vaciller les joueurs les plus arrogants. Chez nous, un Balotelli ou un Tévez ne joueraient pas longtemps aux clowns dorés. Non. Pour être admis au Parc, il ne suffit pas de coûter cher ou d’exciter les journalistes. Ou même d’être bon. Non. Pour intégrer notre légende, il faut d’abord nous aimer et nous le montrer, même en foirant tout (Bernard Mendy, Francis Llacer, Sammy Traoré et tous les autres savent de quoi je parle). Raté, Le Maigre.
Histoire d’oublier cette partie indigente et cette joueuse capricieuse, je plonge dans Hooliblack, Naissance d’un Hooligan (aux éditions Hugo&Cie, 16,95 euros pour presque 300 pages), un livre où donc un hooligan parisien se raconte sans faux-semblants, en gros, le pendant animal et viril de mon Parc. C’est Greg qui m’a mis sur cette piste. Bien sûr, j’ai direct eu envie de découvrir. Ce bouquin est juste obligatoire pour tous ceux qui savent que le stade est autre chose que simplement un lieu de divertissement. Mathias C se présente ainsi : “Je suis hooligan, noir et patriote”. Qui n’aurait pas envie d’en savoir plus ? Ça écrit dur, tutoiement d’entrée, ça se moque, ça menace, ça s’envole aussi, souvent. Mathias C, si c’est bien lui qui a écrit la chose, était peut-être doué en bastons de rue mais devrait véritablement persévérer en littérature. Sa plume sait où elle va, elle insiste, elle décrit avec une minutie sépia franchement jubilatoire (toute la première partie sur son enfance, son daron camerounais qui lui communique la passion du PSG et du Parc, quand Nantes, Saint-Étienne et Bordeaux étaient les seuls ennemis, la banlieue à l’heure de SOS Racisme, avant Booba et le karcher, Mitterrand et les désillusions qui crèvent les coeurs), elle se marre enfin, mais les poings toujours serrés, la mâchoire carrée, le cerveau irrigué comme il faut. Mathias C sait d’où il parle et ne fait rien pour rassurer les crétins. Il se donne, nous fait croire qu’il est moins un écrivain qu’un témoin. Il se trompe. Son livre vivant, presque psychédélique tellement les émotions s’entrechoquent, possède de bien belles qualités. Ici, des choses difficiles à vivre et peut-être encore plus à écrire hantent quasiment chacune des pages. Je ne l’ai pas encore terminé, je me garde le reste quand je serai en province, pour Noël. Ma façon à moi d’honorer la souffrance et la passion d’un autre. Et d’emmerder mon cher Limousin natal…
Je regarde un énième documentaire foireux de Caroline Fourest sur la famille Le Pen et l’extrême droite. Qui ? Si, cette lesbienne professionnelle en mitraillage d’ambulances, cette anti-FN et Barbus, qui, pour payer sa taxe foncière, tente de faire croire à la France que les deux dangers qui nous menacent sont le nazisme et l’intégrisme musulman. Elle joue les balèzes, là, sur les plateaux télé, elle haranguerait presque, elle singe en permanence LA résistante mais collabore comme beaucoup de ses collègues. On m’apprendrait qu’elle est un sous-marin sarkozyste que ça ne me surprendrait même pas. Mademoiselle Fourest, déjà, changez de coiffeur et de styliste. Vous ressemblez à l’ouvreuse du cinéma d’un bled sarthois désert. Et puis, arrêtez de jouer avec la peur et les fantômes. Hitler est mort et Ben Laden aussi. Malgré tous vos efforts (la meuf sort 157 livres par trimestre), ils ne reviendront pas… Il va donc bientôt falloir vous trouver une autre source de revenus… Les rockeurs tueurs d’actrices peut-être ? Ou l’écologie ? C’est bien ça, l’écologie, y’a de l’avenir…
C’est l’hiver. Bonne chose. J’ai toujours plus de courage quand le ciel refuse de s’ouvrir. Je vais partir loin des responsabilités, fuir les âmes noires. Ne jamais revenir ? Et j'écoute Hank Williams.
Texte & photo - Jérôme Reijasse