Jérôme Reijasse n'a peut-être même pas 40 ans. Supporter du PSG, donc homme déçu. Écrivain (Parc). Journaliste chez Rock'n Folk. Traducteur pour les rockeurs à la télé. Rédacteur en chef d'une émission culturelle quotidienne. Lyrique. Exalté. Capable de trouver des raisons de vivre valables dans un groupe ou un artiste encore incontrôlé. Proposera chaque lundi (même si des fois ça tombe le mardi ou le mercredi) désormais ses 7 Jours loin du monde aux lecteurs du Gri-Gri.
Paris a perdu au Vélodrome. Où ça ?
D'abord, se réjouir.
Parce que le PSG est peut-être en train de redevenir le PSG, le seul, l'unique, celui qui sait perdre en déjouant tous les pronostics, celui que 40 000 soldats adoraient même quand il insultait leur foi. Combien de temps les nouveaux abonnés resteront au Parc si les défaites s'enchaînent ? Quoi ? 6 mois grand max. Et encore, j'oubliais l'hiver. Possible que les tribunes se vident plus vite que prévu. Doux rêve...
Une équipe techniquement au dessus du lot et qui continue à refuser la tactique, qui joue quand ça lui chante, qui déçoit ses supporters et les bookmakers, qui s'enfonce là où elle devrait s'envoler.
Parce que marseille (oups, j'ai oublié la majuscule), cette année, ce n'est rien. Si peu. Ils ont battu Paris. Cela sera-t-il suffisant pour se qualifier en Europa League ? Pour sauver le nain gras, le géant gogol chauve, la milliardaire botoxée qui rote quand on l'en... et le yuppie président de comptoir qui les gouvernent ? Diouf me manquerait presque...
Les ultras sudistes avaient promis une grève des encouragements. Le premier pion de l'attaquant Rémy aura suffi à rompre cette promesse. Pas sérieux, comme toujours. Ils avaient tellement peur, hier, ils étaient tellement persuadés que Paris allait les torcher, les mettre à 12 points, que ce sont leurs intestins qui ont chanté. Pas leurs âmes, qu'ils ont vendu si souvent (Valenciennes, Milan...) que même sur Ebay, on ne peut plus rien en tirer. Ca sentait la merde donc.
Peu importe. Laissons aux cigales leurs petites joies provinciales. Là-bas, les magasins ferment à 17 heures et les enfants rasent les murs. Occupons nous du PSG.
Se réjouir donc.
Ensuite, analyser la chose.
Que s'est-il passé hier, et contre Nancy la semaine dernière?
L'équipe a-t-elle lâché Antoine Kombouaré ? Est-elle simplement épuisée, à bout, carbo ?
Pastore valait-il en fait non pas 42 millions mais 42 euros ? Jérémy Ménez est-il amoureux de son coiffeur sadique ? Kevin Gameiro ne devrait-il pas changer de prénom et aussi de nom ? Et arrêter de vénérer Erding ? Surtout, quand exactement Lugano a-t-il changé de sexe ? Son regard fou, sa coupe de cheveux de Playmobil psychédélique, ses petits mollets roses comme une dragée de baptême, c'est une évidence: cet homme a été opéré. On devine la femelle dangereuse, hystérique derrière l'Urugayen défenseur... Et on frissonne. On meurt de rire également.
Hier, passées l'incompréhension, la tristesse, la désillusion, une autoroute d'oubli s'est offerte à moi sans attendre. Ce match n'est déjà plus. Paris nous a blindés pour toujours, marseille (décidément, j'ai beaucoup de mal avec les majuscules aujourd'hui!) n'est même plus un ennemi bandant, juste une sorte de kermesse qu'il faut visiter une fois par an, contrat oblige. Pfff. Que je regrette l'époque de la haine idiote, de la peur vertige, de la certitude de l'appartenance. Maintenant, c'est un match comme un autre. Pire, un match de gala pour handicapés sponsorisés ou médias boursouflés. Un divertissement au rabais. On solde, on solde, on solde !
On s'emmerde surtout. On perd, on grogne et on zappe sur Faites Entrer l'Accusé et la moindre histoire de violeur récidiviste devient, en à peine cinq minutes, plus captivante, plus prometteuse, même présentée par l'étrange remplaçante de Hondelatte (peut-être d'ailleurs Hondelatte lui-même simplement travesti). Rendez-nous les salopes Ravanelli, les catins Fiorèse et Dehu, les égalisations Simone, les crucifixions Pauleta, les fumigènes voyageurs, les tifos prophétiques, les chants douloureux, rendez-nous les Glassmann et les Tapie, rendez-nous le Parc, rendez-nous la mort, rendez-nous la vie.
MARSEILLE, MARSEILLE, ON... J'en ai même oublié la suite.
Texte & photo - Jérôme Reijasse
Bonus :