Dans une conférence de presse tenue à Libreville, Jean Eyéghé Ndong, l'ancien Premier ministre, a appellé à une candidature unique de l'opposition. La raison invoquée : faire barrage à "la perpétuité du PDG". Très belle initiative. Sans doute Jean Eyéghé Ndong a-t-il tiré les leçons du spectacle pitoyable offert récemment par l'opposition congolaise... Cette dernière, radicale, tenait des meetings communs. Et pourtant, les Dzon, Kinfoussia, Miérassa et les autres ont été incapables de s'unir et de désigner un candidat unique. Question d'égo. Ou d'ambitions démesurées. Résultat : ils sont politiquement morts. Et c'est cette mort politique que ne souhaite pas Jean Eyéghé Ndong.
Vingt-trois candidats à l'élection du 30 août, et pour une population aussi faible, c'est trop.
Cependant, l'ancien Premier ministre ne dit pas qui sera le porte-étendard de cette opposition océanique. Oh, les Gabonais n'iront pas le chercher loin : aucun doute, il pense à lui-même. "Charité bien ordonnée commence par soi-même." Question d'égo, comme pour ses frères congolais. Le lion mort, les lionceaux prennent leur liberté. La consanguinité s'éteint sous le charme du Palais du bord de mer. Un reniement grandiose. Mais, l'héritier désigné avant même qu'il ne naisse, lui, ne l'entend pas de cette oreille. Mieux encore, il profite de la confusion et du manque de crédibilité de ses ex-frères ; leur rappelle qu'il y a cinq mois à peine, Jean Eyéghé Ndong et les autres étaient encore des serviteurs de ce PDG dont ils ne veulent plus "la perpétuité".
La savane politique africaine a ceci de beau qu'elle donne le tournis même à un bébé.
Texte - Bedel Baouna