Dimanche 26 juillet, finale de la Gold Cup à New York. Les États-Unis affrontent le Mexique devant plus 79 000 fans de soccer. Ou plutôt 79 000 hinchas de futbol. Il fallait des lunettes détectrices de blancs-becs pour repérer les Américains. Aujourd’hui, la couleur officielle du Giants Stadium c’est le vert. Récit d’une branlée historique pour les gringos qui risque de faire date de l’autre côté de la frontière.
Rien à se mettre sous dents en première mi-temps. Les Ricains dominent et font des frappes de 30 mètres qui finissent comme des pénalités de foot US. Les Mexicains n’arrivent pas à passer le milieu de terrain et Giovanni s’empale sur les défenseurs gringos. C’est moche et le stade sent la saucisse. Coté tribunes le match est nettement plus marrant. Le Giants Stadium est plein comme un œuf. Sauf que dans les travées ça chambre à 99% en espagnol. D’abord du bon second degré. Des « Pinche traidores ! » (« Putains de traitres !» ) et « Que llamen a la migra ! » (« Qu’ils appellent l’immigration ! ») répondent aux faiblards « USA, USA ». Puis on passe à « Culeros, Culeros ! » avant que ca ne parte légèrement en vrille. Des gros blancs rasés emmitouflés dans leur Star-Spangled Banner échangent de grosses patates avec des Mexicains tatoués à catogans. « Hijos de puta ! » Un des mecs finit à terre avant que la sécurité vide les trois gringos fachos. Tant mieux pour eux, ils auraient fini en viande à tacos face au 78 997 verdes présents en tribunes.
Mi-temps, les plus friqués des chicanos achètent leur Bud à 10$. Giovanni a lui aussi du boire un sacré truc. Le petit prince du football mexicain annihile à lui tout seul la défense yankee et provoque un pénalty à la 55ème. Le vet’ Torrado se charge de le transformer. GOOOOOOOOOL. En tribune c’est l’orgasme. 20 ans d’exploitation dans les cuisines des restaurants new-yorkais sont libérés. Puis Giovanni continue son festival. Un duel raté face au portier Troy Perkins, vainqueur cette année de la coupe de Norvège avec le Valeranga Fotbal, avant d’initier et de conclure un contre dévastateur à la 61ème. Ay Caramba, les Mexicains craquent leurs slips en tribune. Les Ricains pètent les plombs. Sur le terrain c’est farce-attaque. Tous devant le but n’importe comment et personne en défense. Les Mexicains les enchaînent comme des perles. Tres, cuatro y cinco. Vela, Castro, Franco. Giovanni était dans tous les coups. La Bud à 10$ vole dans le stade façon champagne de Formule 1. C’est l’hystérie. On s’embrasse, on pleure, on vénère la Vierge de Guadalupe (patronne de Mexico). Tout le monde jette tout ce qu‘on peut trouver en l‘air. Le chant du jour « Si, se puede » façon Yes we can obamesque repris par 79 000 personnes. Ça chambre sec, les supporters gringos quittent le stade sous les moqueries des chicanos. La fin du match est un calvaire. 10 minutes sans toucher la balle pour les Yankees. 10 minutes de Olééééé. Heaps le défenseur central US craque et déchiquette un mexicain. Red Card. « Si se puede » devient « Si se pudo» (Yes we did).
Les Mexicains ont retrouvé leur fierté. La dernière victoire face au frère ennemi remontait à 1999. L’affront des dernières défaites, surtout celle en 8ème du mondial 2002 est lavé. Mais chanter « Si’ se puede » (Oui on le peut) pour célébrer une victoire face aux Etats-Unis B est révélateur de la situation tragique du football mexicain. Entre la grippe porcine et des défaites face au Honduras, les Mexicains se consolent comme ils peuvent. En attendant peut-être leur véritable come-back, le 12 aout prochain à l’Estadio Azteca, cette fois-ci contre les États-Unis de Landon Donovan pour un match décisif en vue du mondial zoulou de 2010.
Texte - Robin D’Angelo