L’ESPOIR
11 avril 2011 - 11 avril 2014. Trois ans ont passés depuis la rupture brutale de l’ordre constitutionnel en Côte d’ivoire dans les conditions que nous connaissons tous désormais. Trois ans que le président Laurent Gbagbo, proclamé élu par l’instance suprême de son pays, est retenu prisonnier, à Korhogo d’abord, dans des conditions indignes dont les responsables porterons à jamais la marque d’infamie de leur acte, à La Haye ensuite, au cœur de l’Europe démocratique, toujours prompte à se mobiliser au nom du Droit et de la Liberté mais qui peine à respecter l’Autre dans les faits et à admettre ses errements. Trois ans qu’une accusation menée, au début, par un Procureur aveuglé par sa partialité suspecte et sa proximité douteuse avec un pouvoir imposé par la force à un peuple avide de liberté, poursuivie ensuite par une Procureure enfermée dans les « certitudes » héritées de son prédécesseur, s’arcboute sur un dossier que la Défense du Président avait déjà mis en pièces lors des audiences de février 2013.
Trois ans que les Libertés fondamentales sont régulièrement bafouées en Côte d’Ivoire : détentions illégales et illégitimes de dirigeants politiques spoliés de leurs biens dans le même temps, vexations et intimidations quotidiennes de simples citoyens, instillation du venin de l’ethnocentrisme (le « rattrapage ethnique », version ouattarienne de « l’épuration ethnique »). Trois ans que l’économie nationale est soumise à un clan kleptomane qui « travaille » avec l’argent que la population, un peu plus paupérisée chaque jour, voudrait bien voir « circuler ». Trois ans que la Côte d'Ivoire, miraculeusement, continue d’exister dans l’espoir de jours meilleurs mais dont la foi est soumise à rude épreuve.
Et pourtant, pendant ces trois (trop) longues années, des milliers et des milliers d’énergies, petites et grandes, unies dans le même combat pour la Justice et la Vérité, ont dit non à la forfaiture et au découragement et, aujourd’hui, la flamme, hier vacillante, de l’Espoir brûle à nouveau et éclaire le chemin qui mène à une Côte d’Ivoire réconciliée et unie dans sa diversité.
Le président Gbagbo, le premier, qui n’a jamais renoncé dans l’épreuve, affirmant dès le 5 décembre 2011 devant la Cour à la CPI : « nous irons jusqu’au bout » et qui, j’en porte témoignage, n’a jamais douté de l’issue, faisant preuve d’une force d’âme peu commune et d’une volonté absolue de préserver le tissu national, sans aucun esprit de revanche, mais farouchement décidé à faire reconnaître son bon droit qui se confond avec la volonté d’une immense majorité d’Ivoiriens et d’Ivoiriennes.
Le peuple ivoirien ensuite, car le combat du Président, depuis ce funeste 11 avril, n’a pu se mener sans l’extraordinaire capacité de résilience des Ivoiriens et des Ivoiriennes, au pays d’abord, dans les conditions les plus pénibles, dans la diaspora ensuite, sous toutes les formes et avec le soutien chaque jour plus sensible de tous ceux, africains ou non, attachés au respect du droit.
Qui aurait pensé, le 12 avril 2011, alors qu’Abidjan, couverte des fumées noires des bombardements, portait le deuil d’une démocratie « assassinée », que trois ans plus tard la Vérité serait proche d’être reconnue, que le pouvoir en place serait acculé à des prises de décisions imposées par toutes les pressions qu’il subit, tant au plan national qu’international ?
Car ne nous trompons pas : le pouvoir actuel n’a pas choisi « spontanément » de libérer les dirigeants enfermés à Bouna, Boundiali ou ailleurs. Le pouvoir n’a pas décidé d’organiser la réconciliation ni de dégeler les comptes et libérer les biens des personnes spoliées depuis le 11 avril. Il concède, pas à pas, des « avancées », souvent, caractéristique absolue de sa vraie nature, dans la plus mauvaise foi, comme le démontre l’épisode honteux du « dégel » des 48 comptes la semaine dernière.
Désormais l’horizon se dégage : l’échéance à venir est l’élection présidentielle d’octobre 2015. C’est elle qui va permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver son « rythme »constitutionnel, fracassé il y a trois ans et aux Ivoiriens et Ivoiriennes de se réconcilier, dans la diversité de leurs origines et croyances, mais dans l’intérêt national au service des générations futures.
En cet anniversaire douloureux mais où l’Espoir ne doit rien concéder à l’abattement et à la résignation, c’est cette vision d’un futur commun pacifié qui doit animer les uns et les autres.
Et cet Espoir passe par un impératif « catégorique » : la libération de tous les prisonniers politiques, au premier rang desquels le président Gbagbo, dont la présence effective dans le processus de réconciliation nationale est incontournable. Il reviendra alors aux Ivoiriens et Ivoiriennes de choisir, en toute liberté, leur avenir.
Le 11 avril 2014
Bernard Houdin
Conseiller Spécial du président Laurent Gbagbo
Porte-parole pour l’Europe et l’Amérique