Le diplomate ivoirien, représentant des Brics pour l’Afrique centrale et occidentale, voit dans un monde multipolaire et dédollarisé un moyen d’échapper aux diktats du néocolonialisme et du FMI, pour répondre enfin aux immenses besoins de développement du continent.
Il est l’une des figures de l’Afrique « souveraine », qui entend sortir le continent de sa dépendance aux multinationales du bloc occidental. L’Ivoirien Ahoua Don Mello, représentant de l’Afrique centrale et occidentale auprès des Brics et vice-président de l’internationale des Brics, cette alliance des « grands émergents » (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), plaide pour « l’avènement d’un monde multipolaire » au sein duquel le continent comme les pays du Sud global puissent trouver les moyens de leur développement.
Très proche de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, et figure de son Parti des peuples africains en Côte d’Ivoire, il était de passage à Paris le 28 février, où il a pu rencontrer au siège du PCF, place du Colonel-Fabien, le responsable de la politique étrangère du parti, Vincent Boulet, le directeur de sa revue “économie et politique”, Denis Durand, ainsi que quatre parlementaires communistes, le député Jean-Paul Lecoq et les sénateurs Marianne Margaté, Michelle Gréaume et Pascal Savoldelli.
Mettre fin au néocolonialisme occidental
Ahoua Don Mello l’affirme avec force : l’émergence des Brics peut être un formidable atout pour tous ceux qui recherchent les voies d’un véritable développement du continent africain. « Nous avons là des partenaires très importants puisqu’ils rassemblent, de la Chine à l’Afrique du Sud, près de la moitié de la population mondiale. Ils peuvent nous appuyer sur des projets de développement alternatifs qui nous sortent de la soumission et des pillages orchestrés sur le continent par le néocolonialisme et les multinationales occidentales. »
Ce qui ne veut pas dire, aux yeux du dirigeant ivoirien, rompre avec la France et ses entreprises. « Seulement il faut, dit-il, changer cette relation du tout au tout. » L’enjeu est historique. Comme il a pu l’être au lendemain de l’esclavage ou plus récemment des indépendances. « L’ambition, ajoute Ahoua Don Mello, est de sortir des terribles rapports de dépendance qui empêchent un développement souverain des Africains. » Ce changement de paradigme mettrait enfin un terme au boulet de la Françafrique et initierait un codéveloppement dans l’intérêt des peuples africains comme français.
Face au franc CFA, appendice de l’euro, ou au dollar devenu monnaie commune de la planète, il faudrait substituer « de vrais instruments monétaires de coopération et de développement ». Les Brics et leur banque de développement, présidée par l’ex-présidente brésilienne Dilma Rousseff, y travaillent. « Des projets sont prêts », assure le diplomate, qui reconnaît toutefois la difficulté à finaliser un consensus entre des partenaires qui convergent sur ce dossier du développement, mais avec des approches parfois très différenciées.