par Jérôme Reijasse
Là, il raconte sa vie et son PSG (presque pareil) et en profite surtout pour transmettre sa passion à son beau-fils, Oudima, à qui le livre est d’ailleurs dédié.
Voilà Grégory Protche, un écrivain qui balance sans vergogne un adolescent banlieusard qui n’avait rien demandé dans le tourbillon éternel et maléfique parisien. Et qui signe son forfait en publiant donc ce livre miroir. Il ne faudra pas comparer ce récit aux dizaines d’ouvrages footix qui vont s’empresser d’envahir les rayons juste avant le Mondial ! Non ! Ici, on ne titube pas en chantant “Et 1 et 2 et 3 zéro!”, ici, on ne siffle pas Cavani parce qu’il a foiré l’immanquable, non ! Ici, pas de scoop à la Paris United, pas de fellation à la gloire de Neymar, pas de volonté de s’enrichir sur le dos des milliers d’âmes qui souffrent, au Parc ou sur leur canapé. Même si tous les supporters, même les plus analphabètes, devront acheter la chose. Parce qu’ils se sentiront un peu moins seuls une fois la dernière page avalée. Parce qu’ils comprendront que ce livre est d’abord pour eux, peu importe leur âge, leur tronche, leur joueur préféré.
Protche arrive en retard, comme toujours. 90 minutes à la bourre plus précisément. Grégory Protche est un esthète, assurément. L’entretien se déroulera donc pendant le match Bayern-Real. Il n’est pas venu seul : À ses côtés, Oudima, héros du livre en chair et en os et accessoirement gardien du FC Romainville et Mano Mavropoulos, ami commun et écrivain qui se moque du foot, moins des femmes de joueurs… Comme le PSG, Grégory Protche est un vieillard en culotte courte. Ou un gamin millénaire. Il a souffert, il a hurlé, il a maudit, il a aimé et aime encore. Et sa prose évoque autant la grâce d’un Javier que la violence narquoise des tribunes du Parc (enfin, celles d’avant les caprices qataris). À un journaliste qui demandait à Friedrich Nietzsche ce qu’il y avait au delà du bien et du mal, le philosophe allemand aurait répondu :
“PSG, natürlich, sombre crétin!” Voilà.