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Le Gri-Gri International

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#BestOfSummer / #BlackPanther / A qui profite le film ?

Publié par Gri-Gri International Servan Ahougnon sur 23 Juillet 2018, 05:41am

Catégories : #Arts & culture, #Economie

 

Extraits d'un article paru sur Ecofin

Black Panther, le débat

Avec des débuts tonitruants (le film a déjà rapporté 426,6 millions de dollars), il ne fallait pas beaucoup de temps pour que naisse un débat de fond sur les enjeux de ce film. La question est venue d’Afrique et a créé deux camps sur les réseaux sociaux. Black Panther, loin d’être un véritable hommage à l’Afrique, ne serait-il pas simplement un moyen pour Marvel de gagner de l’argent en Afrique ? Les arguments des deux camps se valent. Pour les pro black Panther, le film, avec ses acteurs noirs, ses accents Igbo, Xhosa et kényans, ses références culturelles et son Wakanda, rêve de nombre de panafricanistes, est l’un des premiers véritables hommages du cinéma hollywoodien à l’Afrique. On a du mal à les contredire au vu de la rareté récente de rôles principaux campés par des acteurs noirs dans le cinéma hollywoodien, à plus forte raison dans un blockbuster. Néanmoins, les questions posées par les détracteurs du concept Black Panther, pas du film, sont assez pertinentes. Faut-il laisser un studio de cinéma américain être le garant à l’international de l’image de l’identité africaine ? Black Panther a-t-il rapporté de l’argent à l’Afrique ? Pour les détracteurs du blockbuster, l’accueil fait en Afrique au dernier Marvel est symptomatique d’une quête de reconnaissance identitaire que le studio américain ne s’est pas gêné pour instrumentaliser. Il y a plusieurs années, Wesley Snipes, qui a incarné « Blade », avait émis l’idée d’adapter Black Panther. Pour Marvel ce n’était pas le moment. Le studio a attendu la période la plus propice, alors que la minorité noire de Hollywood réclamait plus de considération.

Effectivement, la communication de Marvel a été plutôt tendancieuse. « Premier superhéros noir », « casting presque entièrement noir », voilà le genre de phrases ayant constitué la majorité de la campagne de promotion du film. Et comme un chœur reprenant le leitmotiv du chanteur principal d’un orchestre, la communauté noire a fait écho aux slogans « publicitaires » de Marvel. Si le film rend effectivement hommage à la culture africaine et a le mérite de faire jouer des acteurs noirs, ce qu’il faut savoir, c’est que Black Panther ne change en rien les résultats décevants de l’industrie du cinéma africain. Il faut reconnaitre qu’en dehors de Nollywood, il n’y a pas vraiment d’industrie cinématographique continentale générant de revenus importants en Afrique.

A la recherche d’un héros, icone cinématographique du continent, les Africains auraient pu adapter une des nombreuses histoires de Comics Republic, une entreprise nigériane qui crée des bandes dessinées avec des héros africains, originaires pour la plupart du Nigeria. En soi, Black Panther, un bon film, n’est pas néfaste, mais la communication instrumentalisée de Marvel et l’accueil ayant suivi dans les pays africains, pose d’importants problèmes de fond. La question à un million de dollars : à quand un Black Panther pensé, écrit, réalisé et produit par les Africains ?

Servan Ahougnon

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