(Agence Ecofin) - Comme ce fut le cas lors de son discours mémorable prononcé à l’occasion de la visite officielle du Président français Emmanuel à Accra en décembre 2017, le Président ghanéen Nana Akufo-Addo s’est de nouveau illustré par son franc-parler en passe de devenir légendaire, à la 3ème Conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), tenue le 02 février à Dakar. Devant un parterre de chefs d’Etats et de participants, le Président ghanéen a, tout d’abord, soutenu que l’éducation constituait l’un des défis majeurs pour l’Afrique, d’autant plus qu’elle possède la population la plus jeune de la planète. D’où la nécessité d’assurer une éducation adéquate à tous les jeunes enfants (« filles et garçons ») du continent. Ceci, en poursuivant deux principaux objectifs que sont notamment l’accès à l’éducation d’une part, et la qualité de l’éducation afin de leur permettre (aux jeunes) de faire face aux défis du 21ème siècle, d’autre part.
Toutefois, ce sont les propos de Nana Akufo-Addo concernant le financement de l’éducation en Afrique qui auront été accueillis par un tonnerre d’applaudissements de l’auditoire. « J’espère que les contributeurs pour l’éducation en Afrique ne seront pas vexés, mais nous ne pouvons pas dépendre des autres pour financer l’éducation de nos pays » a-t-il déclaré. Ajoutant : « je ne le dis pas pour tourner le dos à ces nombreux bailleurs qui nous soutiennent. Mais si notre politique dépend d’autres bailleurs de fonds, si leur politique est réformée, nous allons souffrir. Toutefois, si nous définissons des politiques qui s’adaptent à nos besoins, ou à notre système, nous serons toujours au contrôle ».
Argumentant sur la capacité des pays africains à financer, eux-mêmes, leur système éducatif, Nana Akufo-Addo a pointé du doigt la corruption qui gangrène encore les économies du continent. « Est-ce que les fonds sont disponibles sur notre continent ? Oui. Nous en avons en abondance, si nous éliminons la corruption. Et si nous nous organisons pour avoir des arrangements plus prometteurs et plus attractifs pour exploiter nos ressources », a-t-il martelé. Un système de corruption qui, souligne-t-il, est la base de la fuite illicite d’importants capitaux hors du continent. « 50 milliards $ sont envoyés hors de l’Afrique à des fins illicites. Pouvez-vous imaginer ce que ces fonds auraient pu faire si nous n’avions pas fermé les yeux et n’étions pas restés inactifs devant cette fuite des capitaux ? », s’est indigné Nana Akufo-Addo. Poursuivant, il a rappelé que « cela est notre défi que de nous organiser afin que les nombreuses richesses de ce continent, pour la première fois dans l’histoire moderne, soient utilisées pour servir les populations sur le continent et non ailleurs. (...) Si nous sommes en mesure de combler ce fossé, nous allons revenir ici, à Dakar, pour discuter de l’éducation. Mais nous ne parlerons plus de financement », a insisté le Président ghanéen.
Concluant son propos, Nana Akufo-Addo s’est voulu assez clair afin de lever toute incompréhension à l’endroit des bailleurs de fonds. « Pour que je ne sois pas incompris, je dis aux contributeurs que vous êtes les bienvenus. Mais je pense qu’il est important, pour nous, de changer notre état d’esprit. Nous avons les capacités en nous, pour nous développer et promouvoir l’intérêt de notre continent. Faisons-le ». A noter, par ailleurs, que cette troisième conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) a permis de recueillir 2,3 milliards $ de promesses de financement, pour un objectif initial de 3,1 milliards $. Ce niveau d’engagement des pays donateurs est toutefois en augmentation par rapport au montant de 1,3 milliard $ reçus par le Partenariat mondial pour l’éducation au cours des trois dernières années.