Source NewAfrican
«J’aime Nicolas Sarkozy», dites-vous. Mais ce Président est à l’origine de la chute de Kadhafi et de son assassinat. Je vais vous répondre directement. À l’époque où Bernard Henri-Levy faisait le siège de Sarkozy pour abattre le régime de Kadhafi, je me suis fortement opposé à cette action contre la Libye. D’ailleurs, le président de l’Union africaine, Jean Ping, et des chefs d’État africains avaient exprimé leur opposition, auprès de Nicolas Sarkozy. Bien qu’il ait obtenu le mandat de l’ONU, aidé par les États-Unis et la Grande-Bretagne, cette action contre Kadhafi est à porter au déficit de Sarkozy. Regardez le résultat aujourd’hui ! Toutes les armes d’Aqmi et des terroristes proviennent de l’arsenal militaire libyen… Je le dis avec prudence. Lorsque Kadhafi fuyait dans le désert avec quelques pick-up et une cinquantaine d’hommes, ce serait les Français qui auraient indiqué aux rebelles libyens le lieu où il se cachait. C’est ce que j’ai lu.
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Vous êtes l’ami du président ivoirien Alassane Ouattara, et vous allez souvent à la CPI à La Haye pour saluer Laurent Gbagbo. Reconnaissez qu’on a du mal à vous suivre… Il faut dire que la vie politique est très complexe aussi… J’aime Laurent Gbagbo du fond du cœur. Pourtant je suis un ami d’Alassane. Je suis un ami de Mme Ouattara. J’ai leur ligne directe. On se parle. Mais ils savent que j’aime Laurent. Je voudrais tellement qu’il puisse sortir de là où il est actuellement… D’ailleurs j’en ai voulu à Sarkozy, vraiment j’en ai voulu à Sarkozy!
De quoi ? D’avoir détruit Laurent Gbagbo.
D’avoir fait respecter le verdict des urnes ou d’avoir détruit Laurent Gbagbo ? Êtes-vous sûr du verdict des urnes ? Beaucoup de gens se posent la question. Beaucoup de gens pensent que Laurent a gagné les élections. Oui, je pense que Laurent n’a pas perdu les élections. Pourtant, je suis un ami d’Alassane et de Mme Ouattara… Laurent est membre de notre famille. Il est le frère de mon frère Albert. Ils sont en osmose tous les deux. Il est de mai 1945, je suis d’avril 45, chez moi, on appelle Laurent tonton.
Pourquoi on ne vous a pas entendu lors de la crise ivoirienne en 2010 ? Je n’ai pas été écouté. J’ai essayé de sauver Laurent jusqu’au bout. Sarkozy ne m’a pas écouté. Les forces contre moi étaient beaucoup plus puissantes qu’on ne le croit. Je ne pouvais pas lutter à armes égales. J’ai tout fait pour sauver Laurent et j’ai échoué. Des regrets ? Grande tristesse… Et je voudrais avant de quitter cette terre revoir Laurent dans son pays. Mais je ne suis pas optimiste. Si la justice décidait de le faire sortir, de lui donner raison, le retour de Laurent à Abidjan drainera des foules immenses et cela fait peur à Alassane, au gouvernement ivoirien et aux puissances occidentales.