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Le Gri-Gri International

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Toute l'Afrique est jeune, sauf Jeune Afrique !, par Christian d'Alayer / #MédiasMenteurs

Publié par Christian d'Alayer Gri-Gri International sur 30 Avril 2017, 14:09pm

Catégories : #Francophonie, #Françafrique, #Politique, #Economie

C'est avec un peu de retard, dont nous excusons auprès de lui et de ses lecteurs, que nous accusons réception, en le publiant, d'un texte de Christian d'Alayer, journaliste, auteur, économiste et historien à ses heures. Texte initialement paru sur son blog sous le titre :

 

Quand BBY ment à ses lecteurs !

 

Béchir Ben Yahmed n'aime visiblement pas l'Afrique subsaharienne et ses habitants. L'un de ses anciens collaborateurs, justement "plus noir que lui, tu meurs !", a raconté que le patron de Jeune Afrique décida de venger l'honneur des Arabes après la défaite écrasante des chars de Kadhafi face aux Land Cruiser d'Hissen Habré en 1987. Je crois plutôt que l'hebdomadaire de l'ancien ministre de la Communication d'Habib Bourguiba s'adresse essentiellement à des intellectuels subsahariens émigrés en France. Lesquels, comme chacun sait et peut le constater chaque jour sur Internet, sont majoritairement de nature aigrie quant à leur contrée d'origine. Dire du bien de l'Afrique dans ces conditions est évidemment contre productif en matière de diffusion !

Quoiqu'il en soit, l'homme s'était calmé ces derniers temps. Mais, tel le gosse qui ne peut s'empêcher de gratter ses boutons de varicelle, il vient de commettre de nouvelles horreurs sur son ex continent (lui aussi a émigré en France) : "J'observe, pour ma part, avec regret et même inquiétude que l'Afrique, dont les pays sont en majorité mal gouvernés, progresse moins vite que les quatre autres continents. Je me demande même si elle progresse réellement. Un examen attentif de la situation actuelle du continent fait apparaître plus d'aspects négatifs que de positifs. je vous soumets le mien, fondé sur des données chiffrées incontestables" (in J.A., début mars 2017, ndlr).

S'ensuit un développement sur le Nigeria et l'Afrique du sud, non chiffré bien sûr et disant schématiquement que si les deux premières économies du continent vont mal, c'est l'ensemble de l'Afrique qui tousse. Ce qui est faux : en dépit de la baisse du prix des matières premières, la croissance africaine en 2016 a été de 3,9% (source : BAD), très supérieure au moins à celle de l'Occident et de l'Europe occidentale en particulier. Cela fait maintenant 15 ans que l'Afrique progresse plus vite que tous les autres continents, exception faite de l'Asie. Le barbon de Jeune Afrique ment donc et très certainement de mauvaise foi car il a des gens qui cherchent les chiffres pour lui.

Pourquoi ment-il ainsi ? Sans doute car ses amis d'Afrique sont en mauvaise posture : Ouattara par exemple n'a été réélu qu'avec moins de 20% de votants et, depuis, enregistre rébellions sur rébellions de son propre camp. Ping, pour lequel il a pris parti, a échoué à déboulonner la famille Bongo dont il est lui-même une pièce rapportée. Bya, contre lequel il a bataillé des années durant, est toujours là. Etc. Alors les sous se font rares, il suffit de feuilleter les paginations de plus en plus réduites de l'hebdomadaire pour le vérifier. D'autant que BBY, comme il se fait appeler dans son antre journalistique, a rompu un accord qu'il avait passé avec un autre Tunisien, Afif Ben Yedder, installé, lui, à Londres et produisant des revues panafricaines en Anglais. "Chacun chez soi" s'étaient jurés les deux hommes. Jusqu'à ce que BBY lance une revue mensuelle en Anglais. Du coup, le Londonien lança trois revue en Français, concurrençant directement celle du Parisien.

Il est certain que, la publicité africaniste en France n'étant pas extensible à l'infini, cette guerre est fatalement préjudiciable à Jeune Afrique qui ne peut que resserrer les boulons autour de son électorat actuel d'intellectuels expatriés. Tout en sortant une à deux fois par an un "spécial Côte d'Ivoire", voire un spécial Djibouti (l'hebdomadaire s'entend bien avec Ismaïl Omar Guelleh) pour mettre un peu de beurre sur les épinards. C'est triste pour un journal qui compta jadis plus de 140000 exemplaires payés (2 millions de lecteurs), essentiellement en Afrique. Certes, la libération de la presse sur tout le continent ainsi que la dévaluation du Franc CFA lui porta des coups terribles, la nouvelle presse locale remplaçant celle d'importation d'autant plus facilement que le prix de cette dernière doubla en une journée !

Les déboires probables actuels ne sont donc pas dus qu'à des considérations récentes et BBY a tout de même eu le mérite de résister aux premières difficultés.  Il aurait passé la main à ses fils aujourd'hui, lesquels ont a faire face à la désaffection du public pour l'information papier en sus d'une diffusion de moins en moins africaine.

Ce n'est donc pas de gaîté de cœur que j'ai pris la plume pour cogner une nouvelle fois sur Béchir Ben Yahmed mais parce que je ne supporte réellement plus toutes les conneries qui continuent à être déversées sur l'Afrique subsaharienne en dépit d'une réalité que vous pouvez constater de visu quand vous vous rendez sur place. Sachez donc que le décollage de l'Afrique a commencé puisque croissance économique il y a, plus forte que la croissance démographique qui plus est et en dépit d'un manque évident d'investissements internationaux : sur les 1500 à 1700 milliards de dollars annuels d'investissement direct étranger dans le monde, l'Afrique n'en perçoit qu'une cinquantaine à laquelle s'ajoute une autre cinquantaine de milliards d'aide internationale, essentiellement sous forme de prêts conditionnés. Et cette croissance économique est obtenue en dépit d'Etats inexistant depuis que le FMI, la Banque Mondiale et les clubs de créanciers les démolirent à partir des années 1970. Ce sont donc les Etats, pas les pays, qui vont mal du fait de la baisse des recettes d'exportation de matières premières. Et, parmi ces Etats, ce ne sont pas les subsahariens qui vont le plus mal, mais les méditerranéens : si la croissance africaine a baissé d'un point ces deux dernières années, c'est essentiellement le fait des pays nord africains en 2015, auquel s'est ajouté une perte d'un demi point du fait de la baisse du prix des matières premières.

Ca, c'est la réalité chiffrée que je n'arrête pas de démontrer, article après article, dans les colonnes des revues concurrentes de Jeune Afrique. Avec lequel je me suis fâché justement sur cette question de mensonges éhontées et répétés sur l'état de l'Afrique au sud du Sahara. J'ajoute pour démolir encore un peu plus l'argumentaire de BBY, que le continent comporte non pas deux mais quatre grandes économies : il faut ajouter en effet au Nigeria et à l'Afrique du sud l'Ethiopie (80 millions d'habitants et une croissance annuelle supérieure à 6%) ainsi que l'Egypte (dans les 80 millions d'habitants également et une croissance plus faible, certes, mais croissance tout de même en dépit de la guerre civile) Dernier point : les non initiés parlent avec dédain de la croissance économique d'Afrique du sud. Mais ils ne savent pas (BBY devrait le savoir) que ce pays comporte plus de multinationales que le Portugal et que ces multinationales investissent surtout à l'étranger : la croissance est faible parce qu'elle manque de carburant, CQFD !

 

Texte : Christian d'Alayer

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