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Le Gri-Gri International

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Littérature - Politique - Philosophie - Histoire - Sports - Économie


France UBER alles, par Jérôme Reijasse (#MerciMacron #AutobiographieDunFrançais)

Publié par Jérôme Reijasse Gri-Gri International sur 10 Mai 2017, 11:24am

Catégories : #Jérôme Reijasse 7 jours loin du monde, #Littérature, #Politique, #Histoire

En plus de très vite nous-vous mettre à jour de ses parutions récentes sur le site de supporters du PSG Virages, nous vous livrons encore chaude la colère désabusée et cruelle de Jérôme Reijasse, rock-critic, bioman et auteur lyrique au lendemain du premier tour de la présidentielle française. Que ses lecteurs africains se réjouissent : Jérôme Reijasse veille ! 

 

LETTRE À LA FRANCE

 

J’aurai pu intituler cette lettre à la France “J’en ai plein le cul” mais cela aurait été déplacé…

2017 est une année terrible. Paco, un ami cher, est parti, avec sa petite famille, vivre à Lyon. Il semblerait pour toujours. Le PSG a sombré en Catalogne. Macron a de grandes chances d’être élu Président de la République. Voilà. Qui dit pire?

Je n’attendais pas grand chose de cette campagne électorale. Je ne vote plus depuis que j’ai gagné contre l’Europe et que nos élites ont décidé de passer outre la décision du peuple. La démocratie hexagonale n’est pas malade, elle a crevé il y a bien longtemps. Dans ma télé, la grande valse du ridicule, des mensonges en boucles, de la peur qu’on entretient, et comme un goût de vomi qui ne me quitte plus. Oui, la gerbe.

Macron vs Le Pen. Le vieux refrain, l’éternelle rengaine. Le piège total.

Hier, l’ex banquier, l’ex ministre aux lois économiquement scélérates, se promenait du côté d’Oradour sur Glane. Village limousin martyr que des SS mauvais perdants avaient massacré en 1944. Je sais de quoi je parle. Mon grand-père, ex prisonnier de guerre, ex résistant, ex vivant, avait participé aux premiers secours, un jour d’été et d’horreur. Et il est là, lui, avec son sourire de vendeur d’encyclopédies, son costume sur mesure et sa garde rapprochée de communicants. Que dit-il? Pourquoi est-il là? “Remember, souviens toi” peut-on lire à l’entrée (gratuite) de la bourgade suppliciée. Macron n’exprime pas autre chose. Voter pour lui, c’est barrer la route aux hordes barbares, à la peste brune, à Hitler en personne! Car le petit peintre génocidaire moustachu n’est pas mort, non, il rampe, il attend son heure. Il ricane dans l’ombre. Hier encore, les époux Klarsfeld ont dévoilé une affiche avec Marine Le Pen et des barbelés, une affiche du passé pour éviter le pire à l’avenir. On en est là. Malheureusement pour Macron, Auschwitz est en Pologne. Comme l’usine Whirlpool bientôt… Sinon, il y serait allé aussi. Il se pavane là où les morts hurlent encore. Il me fait honte.

Quand la communication commence à piétiner les cadavres, à insulter l’Histoire, à jouer avec l’indicible, simplement pour assurer à son candidat (et à son armée d’hommes de l’ombre: Berger, Attali, Minc, Valls, Drahi, Bayrou, Hue, Hollande, la liste est longue et connue de tous) une place au soleil pendant cinq ans, il est possible de penser que ce pays ne mérite rien d’autre. Que la France est foutue et qu’il ne sert à rien de pleurer. Trop tard, bien fait pour nous, on n’avait qu’à être moins cons, moins naïfs, moins égoïstes, moins peureux. Plus français.

Quand j’étais enfant, mes parents votaient RPR. Avant, ils soutenaient de Gaulle. Dans les années 70, Jean Marie Le Pen était un cyclope fort en gueule et minoritaire. On n’en parlait quasiment jamais. Son parti riquiqui rassemblait des anciens collabos, des anciens OAS, des anciens Waffen SS, des anciens résistants, des patriotes également qui sentaient que l’ancien monde était sur le point de tirer sa révérence. Les médias s’en moquaient. Le peuple l’ignorait. Ma mémoire vacille mais je crois qu’il ne dépassait jamais les 3% de votes. Voilà. Ce n’était rien. Absolument rien. et puis, Mitterrand, second président maurrassien après le Grand Charles, décida d’en faire son Golem. Sa chose, sa marionnette. Il y réussit avec un talent évident. Le Pen, Breton fier et en colère, caricatural et marié à une belle blonde, future soubrette pour branlettes solitaires, devint ce tribun dangereux, fasciste, raciste et surtout antisémite, que les vrais hommes assoiffés de liberté, d’égalité et de fraternité, allaient devoir combattre, quitte à sacrifier leurs mandats, leurs privilèges, leurs vies pourquoi pas… Foutaises bien sûr et commencement du jeu de massacre. Le Front National allait permettre aux élites d’assurer cette alternance libérale maudite, qui a conduit le pays à la ruine et à la mélancolie, ce qui est peut-être encore plus grave. Le Pen a accepté le rôle du bouffon anti démocrate et c’est en cela que, lui aussi, a trahi ce pays qu’il semble tant chérir. Il a fait le jeu des énarques, des riches, des cyniques, des corrompus, comme Tapie de l’autre côté. Et puis, messieurs les faux-culs, si le Front National est cette chose dangereuse, nationale-socialiste, monstrueuse, pourquoi ne l’interdisez-vous pas? C’est bien là la preuve de votre hypocrisie intéressée, de votre calcul nauséabond. Et aujourd’hui, il faudrait donc encore monter au front avec sa carte d’électeur pour faire barrage? Mais à qui, à quoi? Marine le Pen n’a pas de moustache ou alors, elle s’épile comme il faut, elle n’est ni nazie, ni fasciste. C’est une libérale comme vous, Monsieur Macron, qui a mis du social dans ses idées pour dessiner un autre possible, pour éventuellement convaincre ceux qui triment et qui ne s’en sortent pas. Mais si elle devait être élue, comme Trump, elle obéirait aux ordres, elle s’exécuterait. Oui, j’entends déjà les cris d’hystérie des derniers militants anti racistes, encore poussés par Julien Dray et sa bande, il y a bien au Front National des encartés racistes, nostalgiques, anti républicains. Qui vénèrent toujours des Papon, des Bousquet, des… Oups… Plus globalement, les Français ne sont pas ceux que l’on nous vend sur BFM ou ailleurs. Historiquement, ils ont souvent accueilli, assimilé, accepté. Ils ont même caché des Juifs (ne sommes-nous pas le pays occupé comptant le plus de Justes? Je dis ça, je ne dis rien…), ils sont tombés, nombreux, pour que la France respire encore. Il y a eu des collabos, des miliciens, etc, etc… Certes. Etaient-ils majoritaires? Est-il sain de mettre systématiquement en avant ceux qui ont choisi le mauvais camp? Encore aujourd’hui ? À qui profite le crime pourrait-on même se demander. Je refuse de voir mon pays pour ce qu’il n’a jamais été non plus. Qui a creusé le fossé entre les ethnies, les classes sociales, qui a entretenu les différences, qui a soufflé sur les braises? Qui a été décoré de la francisque (rires)? Les skinheads des années 80, les terroristes musulmans des années 2010? Rires. Les mêmes qui crient au loup depuis quarante ans. Dégoût.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette fois-ci, pas de grandes manifestations antifascistes, pas de rassemblements populaires et spontanés (rires encore) pour stopper la bête après les résultats du premier tour. Non. Quelques antifas, idiots même plus utiles d’un système qui les retourne depuis si longtemps, ont bien défilé à Rennes, Paris mais à part quelques poubelles renversées et quelques slogans que même les Bérus n’auraient pas voulu pour une chanson, rien à signaler. Les Français ont compris. Ils se sont faits mettre bien profond et, oui, il est trop tard. 1945 n’est plus. C’est fini. Hitler comme le CNR. Kaputt. 2017, ce sont d’autres exterminations, d’autres politiques mortifères, d’autres bombes à fragmentations sur d’autres pays lointains, d’autres uniformes, qui ne doivent plus rien à Hugo Boss. Ces gens qui veulent le pouvoir pour poursuivre leurs existences de pachas à nos frais, qui nous font la morale à longueur de temps, qui jonglent avec la trouille pour mieux diviser et donc régner, qui se satisfont de dix millions de précaires, qui préfèrent, aux leurs, les autres, tous les autres, surtout à partir du moment où ils représentent une main d’oeuvre encore moins chère, encore plus soumise, ces gens adeptes d’une comptabilité morbide et indigne, ont-il un jour, une fois, essayé de calculer ce que le capitalisme sauvage avait coûté en vies humaines? S’il n’est question que de ça, de chiffres, de nombres, de colonnes arithmétiques. Qui a du sang sur les mains? Qui a ouvert la boîte de Pandore? Vous? Moi?

Hahahahahahah.

Alors, allez voter Macron. Continuez à chier dans votre froc, à croire que les panzers de Guderian sont aux portes du pays. Ou ceux de Poutine, presque pareil. Donnez votre voix à celui qui va terminer le travail, qui va transformer notre pays, notre si beau pays, en état détaché américain, en paradis de la précarité et des services. France Uber alles, si j’osais. L’uberisation, certains en parlent comme d’une chance, les enculés. J’ai discuté avec plusieurs de ces chauffeurs indépendants. Ils en chient, ils sont les nouveaux esclaves, les futurs modèles. Ils n’ont pas le choix. Allez voter Macron, pour moins de services publics, plus de compétitivité, plus de devoir de mémoire, plus d’enfumage et moins de justice. Faîtes votre travail de citoyen. Coupez la tête à Marine le Pen. Elle repoussera en 2022. En en 2027. Faites du vélib, votez à gauche (oui, c’est au fond, à droite), soyez les nouveaux Jean Moulin (sans la torture), sacrifiez vos mômes sur l’autel de la bêtise et de la trahison. Pas de problème. Je suis qui, moi, pour m’énerver ainsi? Personne! Un Français qui ne vote pas, le salaud. Alors qu’il y en a qui sont morts pour le droit d’aller se branler dans l’isoloir! Hahahahahahah. Vous ne vouliez plus de Hollande et de sa politique libérale? Vous allez élire son fils, son clone, sa créature. Génial. Bravo. Encore!

Hier, Macron a déclaré que c’était lui, le patriote. La finance est-elle donc une Patrie?

Seule bonne nouvelle dans ce merdier (inter)national (et ce sont les écolos qui vont être aux anges): à force de faire la toupie dans son cercueil, Charles de Gaulle aurait de quoi remplacer deux centrales nucléaires à lui tout seul.

On me fait remarquer que je n’ai à aucun moment évoquer la prétendue homosexualité du candidat révolutionnaire Macron. C’est parce qu’ici, en France, la sexualité appartient au privé. Elle ne dit rien. Elle ne compte pas.

Je peux donc finalement terminer cette lettre à mon pays par cette phrase lapidaire: “J’EN AI PLEIN LE CUL”, sans risquer de procès en homophobie.

Je me sens déjà un peu mieux…

Texte : Jérôme Reijasse

Sa page facebook

PS : ci-dessous, en cadeau pour nous faire pardonner, un document exclusif : Jérôme Reijasse, avec des cheveux (si, si, encore un peu), le jour des 35 ans du Dictateur-adjoint du Gri-Gri International, Grégory Protche, par ailleurs son plus fidèle lecteur...

Jérôme Reijasse le 13/09/2005

PS 2 : Ce texte nous semblant parfaitement s'intégrer dans l'aléatoire, hypothétique et imprévisible futur recueil de textes de Jérôme Reijasse, Un Français, il nous paraît important de remettre en ligne le premier extrait de ce livre.

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