Déclaration de la Commission Afrique du Parti de gauche
Paris, le 29 novembre 2016
Les prisonniers politiques ivoiriens sont encore au nombre d’environ 300. Ils étaient environ 800 suite aux arrestations massives de jeunes en avril 2011 ; certains furent torturés au QG de Ouattara à l’Hôtel du Golf. Puis les conditions de détention furent telles que leur état physique s’est dégradé progressivement même s’ils trouvaient la force de réclamer par des manifestations passives, d’être jugés ou libérés. Des libérations partielles ont eu lieu comme au compte-gouttes ces dernières années dans la plupart des cas sans jugement, faisant diminuer le nombre de prisonniers à environ 300 sans que l’on sache précisément tant il est vrai que ces libérations sont compensées par des arrestations arbitraires et des enlèvements afin de mieux terroriser la population.
Depuis 2015 et singulièrement cette année, nous voyons apparaître des photos de corps décharnés, de graves mutilations et de regards perdus. Ces jeunes gens ne sont plus ce qu’ils étaient au moment de leur arrestation et cela nous révolte. Combien sont morts ?
Quelle est cette barbarie d’ailleurs ethnicisée puisqu’elle vise quasi exclusivement des sudistes, que couvrent de leur mutisme les organes de presse, l’ONUCI et les ONG ?
Quel est ce silence du pouvoir politique français avec un ambassadeur de France à Abidjan, Georges Serre, qui déclare le 14 juillet 2016 devant Ouattara et son gouvernement que « la Côte d’Ivoire est une grande démocratie où chacun peut dire ce qu’il veut » et un premier ministre, Manuel Valls, qui vient récemment “afficher le soutien de la France au processus démocratique” en cours ?
Il ne suffit pas de dire que le régime pratique une justice de vainqueur, il faut dénoncer à la face du monde sa barbarie.
Le Parti de gauche appelle au retour à un Etat de droit et au respect des droits de l’homme en Côte d’Ivoire et condamne le cynisme et l’hypocrisie des responsables politiques français en charge.
Tous les prisonniers politiques de Côte d’Ivoire doivent être libérés urgemment !
Pierre Boutry