Ivor Ichikowitz- Antou Sassou et Jean Yves Ollivier
(Paru initialement sous le titre : Les armes qui tuent dans le Pool sont sud-africaines)
La police congolaise de Jean-François Ndenguet est équipée d’armes de guerre, ou pour le moins d’équipements qui s’y apparentent. Aujourd’hui, son principal fournisseur en est la société sud-africaine Paramount Group. Elle appartient à Ivor Ichikowitz, qui la préside. Dans son droit de réponse, du 15 avril 2016, après la publication par le NouvelObs d’un article soulignant la participation financière de sa fondation familiale à une tournée de l’Alma Chamber Orchestra en Afrique du Sud, il a rejeté le terme péjoratif de « marchand d’armes » en mettant en avant « la fabrication de matériel de défense » de son groupe.
Outre ses activités philanthropiques dans le domaine musical que tout le monde connaît maintenant, Ivor Ichikowitz revendique d’avoir été un collecteur de fonds, à l’âge de 22 ans, pour l’ANC et qu’il avait ainsi contribué à la fin de l’apartheid et à la libération de Nelson Mandela. Ce volontaire de la paix et de la fraternité en Afrique tolère curieusement que ses « véhicules de défense », comme le Marauder, soient achetés et utilisés par la Police congolaise.
Le groupe sud-africain, avec un Marauder deux fois plus imposant que le Tiger GAZ, a ainsi supplanté la Russie dans la fourniture de véhicules blindés. Le choix du dictateur congolais s’est porté sur le matériel le plus puissant et le plus performant dans sa capacité meurtrière.
Le Marauder est un monstre d’acier blindé, pesant jusqu’à 17 tonnes équipé pour le combat. Avec sur son toit une mitrailleuse lourde de 14,5 mm en tourelle, ce véhicule est une machine à tuer, sans risque, des combattants peu armés ou pour le moins à semer la terreur auprès de paisibles populations civiles. On ne saurait ignorer sa destination criminelle en acceptant de livrer ces engins et véhicules, ainsi équipés, aux couleurs de la police congolaise. Cette dernière doit être la seule au monde, avec celle de la Corée du Nord, à bénéficier de véhicules blindés avec mitrailleuses lourdes. Le peuple congolais en sera reconnaissant ! Merci Denis Sassou Nguesso !
Le Group Paramount est également fournisseur d’hélicoptères, dont le Mi Super 17, qui serait utilisé dans différentes missions dans le Pool. Ses capacités sont multiples, autant que ses équipements de combat, du lancement de missiles, de mitraillage lourd ou de bombardement.
L’acquisition de ces « matériels de défense » atteste de la préméditation des évènements que l’on connait actuellement dans le Pool. Ces « matériels » n’attendaient que le moment propice de leur utilisation. Le plan du hold-up électoral était depuis longtemps établi. La moindre contestation devait être sauvagement réprimée au moyen d’équipements sophistiqués. Quant à tout mouvement de révolte, il serait qualifié de « terroriste » par l’usurpateur qui avait reçu du président François Hollande, la permission de consulter son peuple, pour un référendum truqué ! Malgré tout, le tyran a toujours la trouille au ventre. Dès la tombée de la nuit, les carrefours importants de Brazzaville sont bouclés par des barrages tenus par des éléments armés étrangers (Rwandais, Angolais, Centrafricains) qui comprennent mal le français… Il est risqué de se promener après 21h30 et l’état de guerre s’est invité dans la capitale.
Denis Sassou Nguesso s’est imposé, sur le continent africain, comme un modèle dans le contournement des aspirations démocratiques et pour la maltraitance des populations. Les principes à suivre en sont l’accaparement des ressources nationales, l’orientation de l’Armée et de la Police en une force d’occupation du pays, et l’usage sans limite d’une communication positive pour masquer tous les travers de son pouvoir. Ainsi, on pouvait remarquer, le 17 août 2014 dans la tribune officielle du défilé militaire de la fête de l’Indépendance du Gabon, les symboles de cette trilogie qui s’impose désormais dans toute l’Afrique Centrale. En brochette, curieusement côte à côte :
Claudio Descalzi, le patron d’ENI,
Ivor Ichikowitz, Paramount Group,
Richard Attias, le communiquant.
Tour à tour, chacun joue sa partition aux ordres du Chef d’Orchestre, Denis Sassou Nguesso, pour participer au pillage, pour aider aux massacres ou pour entonner les hymnes à sa gloire !
Les plans du tyran se déroulent comme prévus ; les revenus ont été complètement pillés ; les protestataires sont emprisonnés, éliminés ou terrorisés ; les grandes voix se taisent concernant le Congo-Nguesso après avoir été nourries grassement dans des forums bidons, oscillants entre lobbying et corruption.
Les nouvelles qui nous parviennent du Pool, de plus en plus alarmantes, doivent conforter le tyran tout en indisposant de plus en plus ses soutiens. L’étonnante coalition de libérateurs de Nelson Mandela, autour de l’autocrate sans pitié, ne lui permettra pas de s’extirper du piège dans lequel il s’est lui-même fourré. Pour tous nos parents sous les bombes et pour tous ceux qui ont été emprisonnés, il est grand temps que cette tragédie se termine.
Rigobert Ossebi
Diffusé le 02 novembre 2016, par www.congo-liberty.com