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Le Gri-Gri International

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#DevoirdHistoire / Appel à tous les Congolais !, par le Général Emmanuel NGOUELONDELE-MONGO (#Sassoufit)

Publié par Gri-Gri International Général Emmanuel NGOUELONDELE-MONGO sur 6 Août 2016, 11:50am

Catégories : #Congo Sassou

#DevoirdHistoire / Appel à tous les Congolais !, par le Général Emmanuel NGOUELONDELE-MONGO (#Sassoufit)

Reçu ces jours-ci de la part d'un des plus vieux amis du Gri-Gri International.... et donc aussitôt relayé comme il se doit

APPEL A TOUS LES CONGOLAIS

APPEAL TO ALL THE CONGOLESE PEOPLE*

*La version anglaise vous sera proposée dès demain

Ce texte fut diffusé en 2009

Chers amis, je mets à votre disposition un document écrit par un homme que certains d’entre nous connaissent très bien. Mais, peu importe qui il est pour certains autres qui ne le connaissent pas.

Que vous l’aimiez ou pas ; que vous soyez d’accord avec lui ou pas, et quels que soient les actes politiques ou professionnels posés par l’auteur de ce document, je vous supplie simplement de lire ce document et d’en faire vôtre. Prenez-le, utilisez-le et partagez-le. Donnez-le à vos proches et connaissances. Il y a quelque chose de bon, de très bon qui vous sera, qui nous sera utile, très utile. Pour faire évoluer notre pensée, notre vision des choses, afin d’avancer…, dans l’intérêt du Congo, notre pays. Merci de votre aimable attention !

Je vous livre deux versions en Français et en Anglais.

(Jean-Claude Mayima-Mbemba)

Général Emmanuel NGOUELONDELE-MONGO

APPEL A TOUS LES CONGOLAIS

« Un pour tous, tous pour un »

« Nous resterons unis quand nous confronterons le régime

pour regagner notre souveraineté et notre dignité.

Nous devons à nous-mêmes, aux générations futures

et à la prospérité de rester fermes »

« Tout citoyen, tout agent de l’Etat est délié du devoir d’obéissance lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte manifeste au respect des droits humains et des libertés publiques. L’ordre d’un supérieur ou d’une quelconque autorité ne saurait, en aucun cas, être invoqué pour justifier ces pratiques. Tout individu, tout agent de l’Etat, toute autorité publique qui se rendrait coupable d’acte de torture ou de traitement cruel et inhumain, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, est puni conformément à la loi »

Article 10 de la Constitution

de la République du Congo

du 20 janvier 2002

Mes chers Compatriotes

1 – Hier, j’ai servi loyalement et fidèlement notre pays, alors Moyen-Congo, devenu, le 28 novembre 1958, République du Congo, dans la gendarmerie française, où j’ai appris les vertus de la discipline et de l’ordre qui faisaient la force principale des armées.

En mars 1961, j’ai cessé d’exercer mon contrat dans la gendarmerie française pour la gendarmerie nationale congolaise naissante où j’ai effectué et rendu de bons et loyaux services jusqu’au 31 décembre 1997, date depuis laquelle j’ai fait prévaloir mes droits à la retraite.

La retraite d’un Général, comme beaucoup d’entre vous le savent, permet au bénéficiaire de vivre décemment et de subvenir aux besoins de première nécessité.

J’aurais pu donc me contenter de ma pension, de ma situation familiale et passer le reste de mon temps à m’occuper de moi, à voyager aux quatre coins du monde, et afficher une indifférence totale au sort du reste des Congolais.

Mais cela aurait été contraire à ma formation d’officier de gendarmerie et à mon sens du devoir. On n’est pas officier général pour soi et pour sa famille. On est officier général de la République et pour la République.

Je n’ai jamais, durant toute ma carrière de gendarme, cherché à faire de la politique, ni pensé et encore moins rêvé de me livrer à la politique, devenue, en République du Congo, un vrai business qui apporte gloire et richesse, et qui, pour cela, a conduit bon nombre de cadres parmi l’élite intellectuelle à se prostituer au pouvoir, non pas pour servir la République, ni pour aider le peuple à sortir de la misère, mais bien pour leurs propres intérêts.

C’est ainsi qu’au sortir des guerres civiles successives inutiles que nous avons connues de 1993 à 1999, j’avais espéré que les choses iraient peut-être mieux, tout en pensant que les élections de 2002 allaient permettre au chef de l’Etat de travailler à une véritable réconciliation, à une véritable paix, au rétablissement de l’ordre public, au vrai pardon et à la reconstruction nationale.

Malheureusement, comme tout le monde le sait, bien que le chef de l’Etat se soit taillé une Constitution sur mesure en 2002, il n’a fait que la violer de tout temps et dès le commencement de son mandat.

En effet :

· L’article 68 de la Constitution fait obligation au président de la République élu, de prêter serment au plus tard dans les vingt jours qui suivent son élection, après la proclamation des résultats de l’élection par la Cour constitutionnelle. Malheureusement, outrepassant cette obligation, le président de la République élu en 2002 ne s’est pas soumis à cette règle. Il a prêté serment 144 jours – soit exactement 4 mois et 22 jours – après la proclamation des résultats ayant eu lieu le 23 mars 2002, et la prestation de serment n’intervenant que le 14 août 2002.De multiples autres violations de la Constitution ont été clairement relevées et détaillées dans une lettre interpellatrice que des partis et associations politiques, ainsi que des organisations de la société civile ont adressée, il y a quelques mois, à messieurs les présidents de nos principales institutions, garants de notre Constitution, et particulièrement le président de la Cour constitutionnelle.

2 – Vous vous souvenez, sans doute, de ma lettre fraternelle et amicale du mois d’août 2003, adressée à monsieur le président de la République. Un vrai cri du cœur, par laquelle j’attirais son attention sur la situation chaotique de notre pays.

J’avais espoir, là encore, que les choses iraient mieux et que le président de la République écouterait, enfin, la voix d’un ami.

Hélas, en dehors de la spéculation politicienne orchestrée, malgré moi, autour de cette lettre, rien n’est jusqu’alors venu de lui. J’en attends toujours les retombées positives et les changements réels que j’avais espérés pour le pays et pour notre peuple.

Aujourd’hui, vu l’incapacité du pouvoir de Brazzaville à conduire le destin de notre peuple, notamment à faire face :

- au désordre social et financier devenu endémique ;

- à la mort et l’enterrement de notre Etat qui a perdu tout son patrimoine ;

- aux conditions de vie précaires de notre peuple, jamais vécues voici 49 années d’indépendance ;

Et face aux gémissements, aux hurlements, à la misère et au désarroi du peuple que j’ai constatés et vécus avec tristesse lors de mes récentes tournées dans tous les départements du pays, et auxquels le pouvoir continue de faire la sourde oreille, j’ai pris une décision.

LA DECISION

J’ai décidé, à travers cet APPEL, de me tourner vers toi, PEUPLE CONGOLAIS, dans l’espoir d’être compris, mais sans prétention aucune, de vouloir à tout prix avoir raison, car c’est à toi seul que revient la raison.

Peuple Congolais,

Je me tiens devant toi, toi le Souverain Primaire.

Je te prends à témoin, parce que c’est toi-même qui a délégué tes pouvoirs à l’actuel président de la République, géniteur de la Constitution du 20 janvier 2002 que, comme je l’ai indiqué ci-dessus, il n’a fait que violer durant tout son mandat et cela depuis sept ans.

Je m’adresse donc à vous, chers compatriotes, et vous interpelle, les yeux dans les yeux.

Je vous interpelle, vous, cadres, intellectuels, femmes et hommes politiques.

Je vous interpelle, vous qui, pour vous agripper et défendre vos intérêts mal acquis, pour la plupart, continuez à me faire passer pour « un oiseau de mauvais augure ». Et je vous dis :

· Avez-vous déjà oublié l’état des lieux et les recommandations que vous aviez dressés lors des assises de la Conférence Nationale Souveraine, en 1991 ?

· Ne pensez-vous pas, en votre âme et conscience, que cet état des lieux s’est dramatiquement aggravé aujourd’hui, dix-huit ans après ?

· Pensez-vous, en votre âme et conscience, au devenir de vos enfants, sœurs, frères, neveux, nièces, petits-enfants et autres descendants que vous n’aurez certainement pas l’occasion de voir évoluer ?

· Avez-vous, en votre âme et conscience, ce droit de léguer à vos descendants, un Etat totalement délabré et asséché ?

Je vous interpelle, vous, mes frères d’armes de tous corps.

Je vous interpelle, vous, Officiers généraux et Officiers supérieurs, Officiers subalternes, Sous-officiers et Soldats, qui n’avez certainement pas encore perdu le sens noble du devoir et de l’honneur :

· Est-il normal que notre pays soit dirigé comme si nous n’étions plus en République, mais en monarchie ?

· Ne pouvons-nous pas remettre en cause ce système et décider, dans un sursaut patriotique, de changer nos attitudes complices et de compromission permanente actuelles, afin de secourir ce peuple, aujourd’hui martyrisé, pour lequel nous nous sommes engagés à nous sacrifier ?

· Est-il normal que les Congolais continuent, impuissants, à subir, dans leur chair et dans leur vie quotidienne, la flambée extraordinaire des prix des denrées alimentaires, les effets de l’impunité, les conséquences du gaspillage des fonds publics, etc., sans aucune réaction du Gouvernement de la République ?

· Avons-nous oublié que c’est grâce à l’ultime volonté de notre armée, qui s’était rangée du côté du peuple souverain en 1991, que la démocratie est née dans notre pays ?

· Allons-nous, pour nos intérêts personnels, laisser sacrifier cette démocratie chèrement acquise par notre peuple souverain aux côtés duquel nous nous sommes engagés à défendre à tout prix ?

· Préférons-nous avoir de gros salaires et des allocations diverses pendant que la majorité du peuple trime, végète, gémit, hurle et nous regarde ?

· Comment continuer à faire semblant d’oublier qu’il y a de nombreux Congolais retraités de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) qui perçoivent encore des pensions dérisoires variant entre 8 000 et 40 000 Francs CFA pour nourrir des familles nombreuses quand on connaît la hausse vertigineuse des prix pratiquée dans nos marchés urbains et ruraux ?

· Pourquoi devons-nous continuer à faire semblant d’ignorer nos parents qui meurent toutes les heures dans nos différents centres hospitaliers, faute de soins médicaux, de médicaments de base, et surtout victimes de la mauvaise gestion, du manque d’empressement dans la prise en charge des malades ?

· Pourquoi devons-nous continuer à faire semblant de ne pas voir des Congolais qui n’arrivent plus à faire des provisions, parce la fourniture d’électricité est incertaine ?

· L’eau est déjà rare. Pourquoi devons-nous continuer à faire semblant de ne pas voir des Congolais qui boivent de l’eau dont les conditions de traitement sont douteuses ?

· Préférons-nous, en nous réveillant le matin, voir à nos portes, des membres de la famille, du village, de la tribu, du quartier, du cercle de nos connaissances et des familles de nos connaissances, venir nous exposer leurs difficultés et autres problèmes, comme des mendiants ?

· Préférons-nous nous contenter d’avoir de belles maisons et de belles voitures alors que, juste à nos portails, ce sont des tas d’immondices, des rues et des ruelles insalubres, boueuses et à peine praticables ?

· Préférons-nous faire semblant de ne pas voir dans quelles conditions certains de nos concitoyens voyagent par la voie ferrée, en plein 21ème siècle, dans des trains qui ressemblent à ceux destinés au transport du bétail ?

· Voulons-nous que les générations futures utilisent nos noms comme des symboles de la honte ?

· Bref, allons-nous sacrifier l’existence de notre nation au seul prestige et à la seule gloire d’un clan qui tient à museler et à diviser le peuple par les méthodes bien connues en se servant du clan, de la tribu et de la région en brandissant sans cesse le spectre de la guerre sous le couvert de la paix ?

Je vous interpelle, vous, nos chers enfants, élèves et étudiants.

Je vous interpelle, vous, qui êtes conscients que votre avenir n’a plus de visibilité dans la mesure où :

· malgré l’importance de nos ressources nationales, vos conditions de travail à l’école, au lycée ou à l’université, restent précaires ou ne sont plus du tout assurées ;

· l’assistance que devrait vous assurer l’Etat à travers l’attribution transparente et équitable des bourses d’études est, depuis, devenue hypothétique ;

· la certitude de trouver un emploi à la fin de votre formation n’est plus évidente ;

· le chemin de l’école vous a été fermé depuis quelques années à cause des guerres civiles successives, fruit d’ambitions personnelles d’hommes politiques irresponsables ;

· bref, aucun programme réel visant l’épanouissement des jeunes, majoritaires aujourd’hui dans notre pays, et aucune politique viable d’éducation n’existent en faveur de cette force vive de la nation, malgré la multiplicité des ministères consacrés à l’éducation nationale.

Je vous interpelle, vous, travailleurs du secteur public et privé.

Je vous interpelle, vous :

· qui n’attendez plus rien de vos responsables syndicaux actuels, pour la plupart retraités, généralement nommés par le pouvoir et lesquels, comme vous le savez, ne se préoccupent plus de la défense sacrée de vos multiples intérêts, mais de leur propre confort ;

· qui êtes conscients des méfaits de la mauvaise gouvernance, de la démobilisation généralisée et de la baisse de productivité de nos administrations ;

· qui avez perdu votre emploi, parce que votre entreprise a fermé ou a fait faillite et qui attendez depuis des années la reconnaissance de vos droits et une indemnisation méritée !

Je vous interpelle, vous, mes parents retraités.

Je vous interpelle, vous :

· qui, sous le soleil ou la pluie, dans la bousculade et parfois les injures, faites des queues interminables devant la CNSS ou la CREF, dans l’attente d’une pension dérisoire ;

· qui, affaiblis par l’âge et la maladie, êtes obligés de grimper péniblement les étages de la CCA ou du Trésor Public pour implorer, devant l’indifférence des agents, le petit pécule que l’Etat vous doit !

Je vous interpelle, vous, chers parents paysans.

Je vous interpelle, vous :

· qui continuez encore à travailler avec des moyens rudimentaires, en plein 21ème siècle ;

· qui écoulez souvent difficilement vos produits qui vous procurent les rares revenus obtenus à la sueur de vos fronts ;

· qui êtes désespérés du pouvoir parce que vous n’y avez aucun enfant ou parent et qui êtes ainsi désabusés de la politique !

Je vous interpelle, vous jeunes gens au chômage et sans emploi.

Je vous interpelle, vous :

· qui êtes diplômés sans emploi et qui vivez au crochet de vos parents retraités, parce que l’Etat est incapable de créer les conditions qui favorisent la création d’emplois ou l’épanouissement d’initiatives génératrices de revenus ;

· qui vivez d’expédient parce que l’Etat n’a pas su vous donner accès à la formation professionnelle que vous méritiez, ni à d’autres services que vos capacités sont en droit d’attendre du Gouvernement.

A VOUS TOUS, MES COMPATRIOTES

Je sais et je vous dis que vous n’êtes pas dupes et n’acceptez pas ce qui se passe dans notre pays.

La République, vous le savez, va mal, très mal. Le Congo est gouverné par une kleptocratie corrom-pue, incompétente, criminelle et brutale, qui veut garder le pouvoir par des élections frauduleuses.

La pire crainte du régime de Brazzaville est la non violence, pour la simple raison qu’il ne sait pas y répondre.

La démocratie qui est une valeur avec des principes clairs – respect des différences, dialogue, compromis permanents – qui devrait nous guider, a été transformée en un simple slogan qui dénature, hélas, notre Assemblée nationale et notre Cour constitutionnelle.

Demandons-lui donc qu’il garantisse le respect de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous les Congolais.

Notre Justice fonctionne à deux niveaux : une justice pour les nantis, une autre pour les pauvres, et notre Gouvernement, qui a pourtant pour principe constitutionnel, selon l’article 2 : « Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », n’a absolument rien de démocratique dans son fonctionnement.

On me dit souvent : « Non, vous exagérez, le peuple n’est pas dans le désarroi… ». Mais, quelqu’un peut-il me dire en toute honnêteté et arguments à l’appui :

- Non, le peuple n’est pas confronté aux problèmes de carburant, d’eau, d’électricité, de santé, d’éducation, etc. !

- Non, il n’y a pas mauvaise gestion de notre Etat !

- Non, la corruption ne ravage pas le pays !

- Non, il n’y a pas d’impunité dans notre pays !

- Non, il n’y a pas de désordre dans la force publique !

Hier, alors dans l’opposition, le président de la République, Denis Sassou Nguesso, a dit dans son livre intitulé, Le manguier, le fleuve et la souris (p. 17) :

« Quel homme admettrait de voir son pays plongé dans le désordre et la ruine ? Quel homme tolérerait de voir les siens souffrir de conditions de vie de plus en plus précaires, privés des droits démocratiques les plus élémentaires ? (…) Aucun homme digne de ce nom. »

Que chacun de nous, notamment nous, cadres politiques et officiers des forces armées, se pose donc aujourd’hui, en raison de la détresse que vit notre peuple, la question de savoir s’il est un homme digne de ce nom au regard de l’engagement pris par lui-même.

Pour ma part, je continuerai de parler pour dénoncer l’injustice, le désordre, l’absence de contrôle, la corruption ; bref, tous les maux qui minent la République et qui mettent le peuple en péril comme maintenant.

Il n’y a pas de grandeur dans l’hypocrisie, et je suis étonné que les Congolais aient oublié, de sitôt, les critiques de la Conférence Nationale Souveraine, comme si l’histoire pouvait s’arrêter.

Je me bats et continuerai à me battre parce que, pour moi, le Congo passe avant tout, avant nos intérêts égoïstes, avant nos humeurs et parce que personne n’a le droit de jouer avec le destin d’un peuple.

Personne n’a le droit d’user des ressources et des richesses naturelles d’un pays comme une propriété privée dont on dispose à son gré.

A chacune de mes apparitions publiques, je reprends toujours un temps d’observation, je prends du recul. Mais, au bout de ma patience, je fais chaque fois l’amer constat que le pouvoir ne change pas d’attitude ; que rien ne s’arrange ; qu’au fond rien ne change, malgré les cris d’alarmes, les déclarations, les propositions venant du peuple et des forces organisées, tels que les partis politiques de l’opposition, les associations diverses, les confessions religieuses, et même de certaines voix qui se réclament de la majorité présidentielle.

Devant la logique du « chien aboie, la caravane passe », qui suit inexorablement son cours, je te prends à témoin, toi, Peuple Congolais, sur cette façon tragique de diriger un pays, de prétendre veiller au destin des Congolais.

Général de mon état, je demeure attaché, par-dessus tout, à la paix, la vraie paix :

- pas à cette « paix » qui permet à certains de jouir d’innombrables privilèges refusés à d’autres ;

- pas à cette « paix » qui remplace les victimes de la guerre par des victimes de la pauvreté, du manque de médicaments, etc. ;

- pas à cette « paix » sans accès aux médias d’Etat pour celles et ceux qui pensent différemment ;

- pas à cette « paix » qui laisse sans solution des Congolais affamés ;

- pas à cette « paix » qui ignore le panier de la ménagère ;

- pas à cette « paix » avec des écoles sans enseignants à l’intérieur du pays ;

- pas à cette « paix » avec des routes aux conditions de délabrement désolantes ;

- pas à cette « paix » où règnent l’impunité, le désordre et les passe-droits.

Je pense que vous méritez une paix véritable, consolidée par le dialogue permanent.

Sommes-nous descendus si bas pour faire d’un débat à la radio ou à la télévision un privilège ?

N’est-ce pas une honte d’aller aux élections sans l’instauration, au préalable, d’un débat éclairé, contradictoire, à travers une concertation consensuelle ?

Evitons de ramener le pays si bas ; bien au contraire, essayons de relever le niveau de notre démocratie dans la paix véritable et la dignité retrouvée, l’unité nationale, le dialogue, la concorde et la solidarité entre tous les enfants de notre pays.

Ma faiblesse est que je ne supporte pas de voir mon pays dans cet état. Je ne supporte pas de savoir qu’après nous, les générations à venir utiliseront nos noms comme des symboles de la honte.

Je ne lance pas cet APPEL pour vous reparler des conflits non réglés qui ruinent encore les bases de notre unité nationale, ni des différentes composantes ethniques de notre pays qui se regardent encore aujourd’hui comme des chiens de faïence.

Je n’oublie pas que les survivants des guerres qu’à connues notre pays sont traumatisés, et les plaies ne sont pas encore cicatrisées.

Je n’oublie pas que certains Congolais pleurent encore leurs morts ; qu’ils n’ont pas encore fait le deuil de ceux-ci.

A ces malheurs se sont sévèrement ajoutées des crises qui ont rendu infernale la situation des Congolais. Par exemple :

- des licenciements sans droits de plusieurs agents d’entreprises liquidées, comme la SOTELCO, pour ne citer que ce cas, où des mères et des pères de famille ont été abandonnés à eux-mêmes voici des années ;

- des écoles et des dispensaires que même les colons n’osaient pas offrir aux colonisés de l’époque ;

- des hôpitaux qui servent plus à assister les malades à mourir qu’à les guérir ;

- des pensions de retraite précaires et péniblement versées par la CNSS et la CREF ;

- des locataires à qui les logeurs exigent le versement de dix mois de caution ;

- des pères retraités qui continuent d’héberger, de loger et de nourrir leurs fils sans emplois, avec femmes et enfants ;

- des fonctionnaires aux salaires dix à trente fois plus bas que ceux des membres des institutions politiques en réalité improductives.

C’est quoi donc ta solution ?

Je n’oublie pas tout cela. Cependant, je demande à chacune et à chacun de vous : c’est quoi ta solution ? Est-ce :

- Prendre un tee-shirt, un pagne, une bière et un billet de cinq mille, voire mille francs CFA, tous les cinq ou six ans, juste le temps d’une campagne électorale ?

- Préfères-tu choisir une option qui n’arrêtera pas le nombre de victimes des hôpitaux et dispensaires sans médicaments, des sociétés d’eau et d’électricité qui n’ont aucun compte à te rendre, ou d’une administration corrompue et pourrie ?

- Te plaindre et accuser les autres de lâches pendant que toi-même tu ne fais rien pour sortir de ta situation, préférant attendre les nouvelles à la télé ou à la radio ?

- Attendre que Dieu descende sur terre, malgré tous les atouts qu’il t’a donnés et continue de te donner ?

Avons-nous le droit de subir, d’accepter tout ?

Congolaise, Congolais, qu’est-ce qui t’arrive pour accepter cela ?

Tu dois savoir que le Congo-Brazzaville, notre pays, est un espace terrestre béni de Dieu, une maison « CONGO », que le Seigneur a créée et mise à notre disposition pour y vivre comme de simples locataires, Lui-même étant le vrai et unique propriétaire foncier.

De même qu’un sage l’a dit, « Ce pays, ce n’est pas quelque chose que nous héritons de nos ancêtres ; ce pays, c’est quelque chose que nous empruntons à nos enfants ».

C’est pourquoi, je crois que personne d’entre nous ne peut prétendre avoir l’idée de faire du Congo sa propriété privée. Le seigneur Dieu en est l’unique propriétaire pouvant, à la seconde, à la minute, en tout cas à tout moment, sans préavis, sans justice aucune, se permettre de déloger un locataire, même ayant réglé son loyer mensuel, qu’il soit Roi ou Empereur !

Alors :

- Au nom de quoi et de qui acceptes-tu de vivre comme un locataire dans ton propre pays ?

- Au nom de quoi et de qui renonces-tu au souvenir de la grandeur de ta patrie, le Congo, tombée aux mains de prédateurs, de dirigeants véreux et de moralité peu recommandable, qui ont pratiquement réduit le Congo au plus bas niveau des autres pays africains ?

- Au nom de quoi et de qui renonces-tu au souvenir de la dignité historique de ton pays ? Au temps de la colonisation, les Français qui nous ont colonisés avaient une haute idée de l’homme Congolais. Ils disaient toujours que l’homme Congolais était le plus fier de sa dignité et, de ce fait, le plus récalcitrant. Car il savait dire : « NON ! ».

- Au nom de quoi et de qui acceptes-tu de cautionner, par ton attitude, le retour déguisé à la pensée unique et au monopartisme ? Est-ce au nom de la peur ?

Il, elle, a sauvé ta vie. Et toi ?

Notre démocratie est sacrée, car chacun de nous a perdu un parent dans les luttes politiques guerrières qu’a connues le Congo.

Le Peuple congolais, sous la protection de la loi, devrait avoir la liberté d’exprimer ses opinions politiques sans subir de harcèlement, d’intimidation ou de violence.

- Penses-tu que ton sang, ta vie, sont plus précieux que ceux de tous ceux qui sont morts pour revendiquer des libertés démocratiques dans notre pays ?

Par leur sang versé, sacrifié sur l’autel de l’intolérance parce que, parfois, victimes expiatoires, ils ont sauvé ta vie. Ils se sont donnés afin que toi tu vives. Il faut t’en souvenir !

- Penses-tu aux compatriotes qui sont en train de payer de leur vie la déliquescence de l’Etat aujourd’hui mort et enterré ?

- Penses-tu à ces populations congolaises humiliées, jetées dans l’errance sans espoir de lendemain ?

- Penses-tu à ces Congolaises violées et torturées pour rien, à ces enfants malnutris, aux scolarités bouleversées et hypothéquées ?

- Penses-tu à ces étudiants qui jettent l’éponge tellement les conditions sont difficiles, insurmontables ?

- Penses-tu à l’anarchie, à l’apologie du mensonge et à l’esprit guerrier qui ont pris la place des valeurs centrales de l’humain.

- Penses-tu à la haine, à l’esprit de vengeance, à l’esprit de destruction, à l’exclusion réciproque et aux déchirements qui menacent, au jour le jour, notre unité nationale, alors qu’étaient présentes, hier, les vertus de la discipline, du respect de l’autre, de la fraternité, de la solidarité et de l’entraide ?

ENFIN, C’EST A TOI QUE JE CONFIE…

Au cœur de la vie figure la question de la gouvernance et de la légitimité. Nous ne voulons pas dans notre pays d’une élection présidentielle dans le cadre constitutionnel et électoral actuel.

Nous exigeons une nouvelle constitution démocratique et des réformes de la loi électorale qui permettent la tenue des élections libres, justes et transparentes.

Le CONGO, notre beau pays, a perdu tout ce qui faisait sa gloire et l’honneur de son peuple. Mais le Congo n’est pas perdu.

L’heure est aujourd’hui grave, très grave.

A quelques pas de l’élection présidentielle cruciale, le pouvoir panique et ne trouve rien d’autre, pour apaiser les cœurs, que de multiplier des manœuvres dilatoires pour, enfin, ruiner les espoirs d’une concertation citoyenne apaisée, d’un dialogue voulu et sollicité par des partis et associations politiques de l’opposition, ainsi que par des organisations de la société civile. Le monologue qui s’est tenu récemment à Brazzaville, du 14 au 17 avril dernier, en est l’illustration.

Une élection, surtout présidentielle, sans commission nationale électorale indépendante, sans révision paritaire des listes électorales, ni consensus autour du cadre juridique, ne saurait être que donner un « laissez-passer », « un blanc-seing » à ce pouvoir inique, afin de poursuivre son hégémonie sur le pays, son œuvre de destruction massive du Congo : pillages, bradage de nos richesses, corruption, débauche, dépravation des mœurs, impunité, perpétuant ainsi le chaos et la dégradation avancée du pays, donc la misère et les souffrances du Peuple Congolais. Ce que, j’en suis sûr et certain, aucun d’entre nous ne voudrait plus voir dans notre pays.

Comment allons-nous réaliser nos objectifs ?

Il s’agit donc, aujourd’hui, ici et maintenant, de sanctionner ce pouvoir arrogant, sans scrupule et sans âme.

Il s’agit de faire table rase et, dans un sursaut héroïque, de repartir sur de nouvelles bases.

Il ne faut pas avoir peur du changement.

Au cas contraire, ce ne sera pas, comme certains le penseront, l’échec de l’opposition, mais notre échec à nous tous. Ce sera ton échec.

Comme l’opposition n’est là que pour défendre ton intérêt et celui de la Nation, ce sera donc l’échec de tous les Congolais qui n’auront pas eu la chance de vivre une véritable démocratie ; des Congolais qui auront raté l’occasion de vivre enfin dans la prospérité et la sécurité, alors qu’ils ont tout, que la nature leur a tout donné.

Alors, je vous dis : N’ayons pas peur !

Levons-nous, pour qu’ensemble :

1. Nous exhumions et ressuscitions le Congo, en lui redonnant ses lettres de noblesse ;

2. Nous mettions de l’ordre dans notre maison « CONGO » et restaurions l’Etat et son administration ;

3. Nous rétablissions la justice, la discipline et l’équité ;

4. Nous mettions un terme à la corruption, au pillage de nos ressources et à la gabegie ;

5. Nous créions les conditions qui permettent aux enseignants d’exercer leur métier – un véritable sacerdoce –, aux étudiants d’étudier dignement, aux travailleurs de vaquer à leurs occupations dans la dignité, aux malades de se faire soigner correctement, et au Peuple Congolais de vivre décemment dans la paix, la dignité, la concorde et l’unité nationale ;

6. Nous puissions, enfin, changer ce pays où il devrait faire bon vivre, grâce à la contribution de chacun de vous tous, de nous tous, c’est-à-dire de TOUS LES CONGOLAIS, à l’œuvre commune.

C’est donc à toi, Peuple Souverain, que je confie le destin de ta patrie, le CONGO !

Vive la République !

Vive le Congo !

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