Pour relire la partie 1 ICI.
L’après Occident
Salut tout le monde ! Me revoilà sur la demande presque expresse de votre directator qui m’a encensé sans que j’aie rien demandé. Comme je ne suis pas né de la dernière pluie… Et puis en fait, j’avais très envie de vous parler non de vous mais de nous, les Blancs à l’odeur de cadavre frais, puisqu’il paraît que vous voulez nous « remplacer » par vagues d’immigration successives. C’est du moins la chanson qu’on entend de plus en plus chez nous en voyant nos frontières assaillies par des basanés de toutes provenances voulant se faire passer pour des réfugiés syriens.
Que va-t-il se passer donc après cette catastrophe occidentale ? Voyons d’abord comment ça se passe aujourd’hui puisque vous êtes les spectateurs de la dite catastrophe. Economiquement, vous voyez que les tentatives surtout américaines de substituer leurs propres matières premières aux importations est un échec total : la moitié déjà des compagnies qui se sont lancées dans le gaz de schiste se sont cassé la figure sous les coups portés par les producteurs basanés, Arabie Saoudite en tête : la baisse du prix du baril les a plombés et ils ne trouvent plus aujourd’hui aucun nouvel engagement des banques américaines qui, de leur fait, possèdent à présent des actifs pourris en grand nombre. Les compagnies subsistantes vendent à tout va à l’étranger pour trouver de l’argent frais, entretenant en même temps les bas prix qui les tuent ! Je ne rentre pas dans les détails mais entre l’Iran qui peut aujourd’hui vendre sans restriction et les pays durement impactés par la baisse (Venezuela et Algérie notamment), les dits prix ne vont pas remonter tout de suite, même si la demande et l’offre, me dit-on, devrait mieux s’équilibrer l’an prochain.
En Europe, on cherche aussi à substituer d’autres types d’énergies à l’or noir. C’est très lent et ça pose des problèmes qui ne sont toujours pas surmontés aujourd’hui : bruit et vibration de l’éolien, durée de vie et coût du solaire, difficulté de mise en œuvre du méthane au détriment de des cultures alimentaires, etc., etc. Ce n’est pas demain que les pays occidentaux pourront se passer du pétrole, surtout quand le charbon, dont ils sont abondamment pourvus, est terriblement pollueur : l’écologie est votre allié !
Il en ira de même pour toutes les matières premières : techniquement, on peut tout recréer synthétiquement. On sait faire par exemple des sacs en plastic à partir d’amidon de maïs (ou autre) mais il faut équiper des centaines d’usine et ça coûte beaucoup plus cher. On peut remplacer l’acier par des plastics terriblement renforcés, mais là encore, c’est cher et nous n’avons pas les usines ad hoc. Pareil pour presque toutes les matières premières, y compris alimentaires puisque nous produisons massivement aujourd’hui hors sol et sous serres chauffées. Mais il y a le coût et le temps de passage à la production de masse… Et comme les dirigeants occidentaux n’ont rien vu venir du côté des termes de l’échange, ils n’ont rien prévu : ils ont fini par comprendre mais tardivement et encore, pas complètement, les prix chinois qu’ils attribuent encore majoritairement aux niveaux des salaires alors qu’ils bénéficient surtout d’effets de taille impressionnants : les Chinois font de l’industrie là ou nous faisons du marketing fou, jusqu’à des « séries limitées » aussi stupides que suicidaires.
Il nous faudrait donc au moins deux décennies pour devenir moins dépendants des importations de matières premières et plus compétitifs au niveau de la production. Nous ne les avons pas car la différence entre les taux de croissance des pays émergeant et des nôtres est beaucoup trop élevée : 1,5% par an en Occident contre 4% dans les pays émergeant, 2,5% de différence annuelle, plus de 70% de rattrapage des seconds sur les premiers en 20 ans premier point. Et, ce, aujourd’hui, avec une croissance des pays en développement plus faible du fait de la baisse de la croissance chinoise. La différence va s’accroître à l’avenir car les pays en développement ont de telles réserves de demande intérieure qu’ils continuent à croître en dépit de la baisse de leurs exportations. Le cas de votre continent préféré est exemplaire : le Nigeria par exemple, a vu sa croissance monter à plus de 5% l’an dernier malgré la baisse du prix du pétrole…
Bref, l’Occident va continuer à perdre la maîtrise de l’économie mondiale. Et si la Chine faiblit, notez que l’Inde et l’Afrique accélèrent. 1,3 milliards d’habitant croissent un peu moins vite, 2,5 milliards d’habitants croissent plus vite, les 600 millions d’Occidentaux ne peuvent que compter les points, CQFD. Et ces points, c’est quoi ? C’est tout bêtement des entreprises « basanées » qui s’emparent progressivement de morceaux de plus en plus importants de l’ancien empire des entreprises multinationales d’Occident. Exemple simple là encore : le Nigérian Dangote, partenaire des ciments Lafarge, qui se lance à l’assaut des pays africains francophones. Lafarge a connu la même mésaventure en Europe où c’est un cimentier roumain qui lui a mangé la laine sur le dos. Un peu partout dans le monde, le premier cimentier mondial a vu son aire d’influence reculer, ses parts de marché attaquées de toutes parts. Les traders allaient fatalement se poser des questions et l’action Lafarge être alors attaquée, horreur pour tout PDG d’un grand groupe. Celui de Lafarge se rapprocha donc de celui d’Holcim, cimentier suisse un peu dans les mêmes dispositions que le Français. Les deux firmes viennent donc de fusionner pour cacher en fait à leurs actionnaires leurs reculs sur les marchés mondiaux. Avec de la com là dessus plus un siège social évacué vite fait en Suisse et les actionnaires furent contents. Mais demain, quand ce groupe reculera encore (c’est fatal, les coûts de son capital sont exorbitants face à des groupes autochtones qui s’endettent, eux, à des taux d’intérêt ultra faible), que feront les traders ?
Un jour prochain, les actionnaires se rendront compte d’abord que la valeur affichée de leurs actions ne correspond absolument pas à la valeur réelle des entreprises correspondantes : elles sont cotées en moyenne plus de 10 fois le chiffre d’affaires alors que lorsqu’un quidam achète une PME, sa valeur est au maximum trois fois le chiffre d’affaires avec une prime s’il y a des bénéfices et une forte décote, jusqu’à l’euro symbolique en cas de déficits accumulés. Ils verront aussi que les résultats d’exploitations ne sont obtenus que par reculs successifs du périmètre d’exploitation comme disent les experts : en fermant des usines pour être plus clairs ! On baisse les coûts et de baisse en baisse, on dégage des marges…
Tout cela est largement entamé. Je vous ai donné l’exemple du ciment mais voyez ne serait-ce que l’automobile et la percée opérée sur ce marché par la petite Corée du Sud. Avant que la Chine, qui a mis un pied solide chez Peugeot-Citroën, ne viennent également sur le marché. Voyez même les avions, avec la réussite du Brésilien Embraer et les commandes chinoises sous condition de fabrication sur place… Voyez Nokia qui change de métier, Apple qui coulerait sans ses incessantes et souvent fausses innovations tant la pression des Coréens et, déjà, des Chinois est forte sur les Smartphones. Etc., etc.
Tout cela s’accélère à vue d’œil et continuera à s’accélérer. Surtout quand la bulle spéculative boursière éclatera : je vous ai dit que les multinationales occidentales étaient honteusement surcotées. Ce que vous ne savez pas est qu’elles ont généré des « produits dérivés » en quantité, du type des actions constituées à partir des prêts immobiliers américains, cause de la crise de 2008. Exemple : toutes ces multinationales achètent des matières premières en quantité. Pour éviter de trop grandes fluctuations de prix, elles achètent à terme (au prix du jour de l’achat) et, pour se couvrir, font émettre par les banques des actions des mêmes matières premières au prix du jour de l’achat. Quand le terme arrive et si les prix sont plus élevés, les multinationales sont gagnantes et les acheteurs des actions émises par les banques aussi. Mais s’ils sont plus bas ?! Toutes les matières premières ont ainsi généré des milliards et des milliards de dollars de produits dérivés, ajoutant ainsi à la surcote des entreprises une gigantesque financiarisation de l’économie occidentale dans son ensemble. Si celle-ci sombre sous une crise encore plus forte que celle de 2008, imaginez la panique ! Et les dégâts…
Si encore les Etats occidentaux avaient les moyens de renflouer et les banques, et les grandes entreprises. Mais ils ne les ont plus, ces moyens : tout comme vous crouliez sous les dettes quand vos matières premières étaient pillées, l’Occident croule sous les sienne depuis qu’il doit les payer cher. Il n’y a donc plus de filet de protection et ce sont les monnaies occidentales qui vont plonger sous des inflations de type 1930 : si la bulle explose, cette fois-ci l’économie occidentale explosera. Tout dépend donc de la manière avec laquelle les autorités économiques occidentales géreront la communication du désastre. Si elles arrivent à étaler sur plusieurs années la définanciarisation, elles peuvent éviter la panique. Mais l’Occident dispose-t-il encore de cerveaux capables d’anticiper la crise (elle est imminente) et d’en juguler l’aspect explosif ? Et avec quel argent ? Une solution est de faire racheter toutes les dettes publiques occidentales par les banques centrales et de les rééchelonner sur très long terme. Mais il faut alors le faire vite, avant la crise, et je ne vois pas le début du commencement de la queue d’une telle politique ni en Europe, ni aux Etats Unis. Ce qui risque de se passer est l’application de cette politique en pleine crise : imaginez l’horreur ! Des Etats en voie de faillite vendant des dettes de plus en plus douteuses à des banques centrales obligées de créer de la monnaie sans contrepartie réelle (le rééchelonnement n’ayant pas beaucoup de chance de voir les Etat rembourser plus qu’avant) On risque alors d’avoir des Etats augmenter les impôts en pleine récession et donc d’accroître la récession. En fait, les observateurs actuels commencent à paniquer et vous voyez tout un tas de conseillers en ligne vous suggérant de vendre vos assurances-vie, le placement préféré en Occident, pour acheter qui, des actions dans un nouveau secteur technologique qui, dans l’argent métal (on ne peut plus acheter d’or dans la plupart des pays occidentaux), qui même dans les « bitcoins », cette monnaie virtuelle d’Internet.
Vous voudrez bien m’excuser pout tous ces détails techniques, mais ils sont indispensables à la bonne compréhension des maux qui rongent les économies occidentales et qui causent leur perte. Car c’est d’abord économiquement que disparaît l’empire occidental, ce ne sont ni Daech, ni la Russie qui risquent vraiment de seulement l’inquiéter. Al Qaida puis Daech ont surtout permis aux dirigeants occidentaux d’engager une politique de flicage de masse de leurs populations, sur laquelle je reviendrai. Ce, tout en cachant aux yeux des dirigeants mêmes, la réalité économique de leur déclin : ils succombent d’avoir trop obéi à leurs lobbys militaro-industriels, CQFD !
Le schéma des ultra libéraux
Il est simple à comprendre car ne prenant que le paramètre Chine en compte dans ses calculs : étant donné que les pays en développement seront toujours moins chers du fait de leurs bas salaires, il suffit d’appauvrir les salariés occidentaux pour arriver à terme à parité. Car les salariés des pays en développement se battront avec succès pour voir augmenter leurs rémunérations, comme ça s’est effectivement passé en Corée du Sud. Et comme, en appauvrissant les salariés occidentaux on dégage des marges, il faut automatiquement accepter d’enrichir les riches, CQFD. Sauf que ces illuminés n’ont pas pris en compte les formidables économies d’échelle des très grandes séries des pays en développement. Et ils n’ont même pas perçu la hausse du prix des matières premières puisque les pays en développement les achètent également. Dernier point non prévu également : l’effondrement des marchés intérieurs occidentaux, déjà passés en mode « marchés de remplacement » et non plus marchés d’équipement, avec donc les marges jadis confortables des entreprises sur leur marché d’origine envolées à tout jamais : aujourd’hui, ce n’est plus de la guerre commerciale, c’est du corps-à-corps féroce sur tous les marchés de la planète ! Avec, côté occidental, des actionnaires trop gourmands et des dirigeants devenus fous de fric : ils ne peuvent plus faire baisser réellement les masses salariales car leur encadrement supérieur coûte beaucoup trop cher !
A suivre
Texte : Christian d'Alayer (cliquez pour accéder à son indispensable blog)