Pour la grande majorité d'entre eux, les réfugiés ivoiriens du Ghana y sont, répartis en plusieurs camps, depuis la crise postélectorale de 2010-2011, achevée le 11 avril 2011 dans le bain de sang que l'on sait avec l'installation par les troupes coloniales et impérialistes franco-onusiennes du commis du FMI, de Bouygues et de Sarkozy, Alassane Ouattara.
Sans parler de ceux qui végètent et subsistent, qui au Maroc, qui à Paris, à Londres, etc, plusieurs dizaines de milliers d'autres ivoiriens sont réfugiés au Liberia, au Bénin, au Togo...
Ceux que nous avons pu observer vivent dans des conditions évidemment extrêmement difficiles : tentes de fortune, nourriture de réfugiés, misère, promiscuité, folie, dépression, prostitution de très jeunes filles, maladies devenant mortelles par absence de soins...
Suprême affront, ces réfugiés, qui fuyaient les violences et massacres tribaux des rebelles de Soro et Ouattara, furent instrumentalisés, on l'a oublié, par le prédécesseur de la "procureur" de la CPI, la diplômée en droit marîtime Bensouda, le tristement célèbre Moreno Ocampo. Non content d'avoir nettement pris le parti de Ouattara, alors même que la crise battait son plein, Ocampo a répandu l'idée que ces exilés forcés fuyaient "AUSSI" les troupes loyalistes, qui obéissaient à Gbagbo. De l'art d'entretenir utilement la confusion.
Lorsqu'en décembre 2011, nous pûmes nous rendre, caméra en main, dans les camps de réfugiés d'Egykrom et d'Ampain, il ne fallut pas longtemps pour découvrir la supercherie ocampienne. Nos images sont consultables ICI.
Depuis lors, et en totale contradiction avec la loi ivoirienne, qui stipule explicitement que l'exil forcé est illégal, même durant les élections, ces réfugiés sont tout à la fois les absents et les fantômes d'un pays rendu muet, traumatisé et moins sûr que jamais - sauf pour les bien nés.
La situation de ces réfugiés, sur tous les plans, est devenue si insupportable que même Ouattara est obligé de feindre d'en prendre conscience et acte. Ces dernières années, divers émissaires ont été envoyés. Soit discuter avec les autorités ghanéennes, soit avec les institutions humanitaires internationales, soit directement avec les réfugiés. Sans grand succès.
Très récemment, il a été décidé qu'un ministre irait tenter de les convaincre de rentrer au pays. Il n'est bien sûr pas question de leur permettre de réintégrer les logis abandonnés au moment de la crise ou de récupérer les terrains et fonctions occupées préalablement. En somme, à la misère de la condition de réfugiés à l'étranger, on leur propose de choisir celle du dépossédé contraint à mendier dans son propre pays. C'est ce qu'on appelle chez Ouattara une politique de réconciliation.
L'Agence France Presse n'a pas manqué de se faire l'écho des démarches de Mariatou Koné au Libéria. : "Avant le Ghana, la ministre ivoirienne (de la solidarité, de la cohésion sociale), en charge également de l’Indemnisation des victimes, avait séjourné du 3 au 7 mai au Liberia, où plusieurs dizaines de milliers de personnes sont toujours en exil, depuis la crise post-électorale qui a fait plus de 3.000 morts en cinq mois.
D’après le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), plus des deux tiers des 300.000 Ivoiriens ayant fui leur pays pendant ou après le conflit sont déjà rentrés chez eux. "Aux exilés politiques, je leur dirai: +la crise est derrière nous. Les dirigeants passent mais le pays demeure+" a-t-elle poursuivi, promettant de "rassurer le tiers restant des réfugiés", sans qu’ils n’aient à craindre de représailles.
On estime à 80.000 le nombre de réfugiés ivoiriens, dont 58.000 au Liberia et 8.500 au Ghana. Le retour des réfugiés est un enjeu pour la réconciliation nationale, une des priorités du gouvernement d’Alassane Ouattara, plus de cinq ans après la fin de la crise provoquée par le refus de l’ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival.
"Le malaise est profond et il convient à présent de mettre un accent particulier sur les initiatives en faveur de la réconciliation", avait alerté en avril dernier, Mgr Siméon Ahouana, le président de la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (CONARIV).
La mort au Ghana, le 11 avril, de Mamadou Ben Soumahoro, homme politique ivoirien et grande figure du journalisme des années 1970, a aussi déclenché de nombreuses réactions au sein de la population, poussant le gouvernement à faire plus d’efforts pour accueillir ses exilés."
Aussi attendait-on avec impatience de savoir quel accueil allait réserver à la ministre Koné les réfugiés du Ghana... Ci-dessous, quelques photo qui se passent à peu près de commentaires.
Là où nous les avons trouvées, sur les réseaux sociaux, elles étaient accompagnées de quelques mots très simples...
"Camp de Réfugiés d' #Egyekrom (El mina)
Pendant que les autres manifestent à l'entrée du village voisin au camp, dautres réfugiés sont entrain d'aider à démonter les bâches et à ranger les chaises pour les retourner à leur propriétaire.
Aux cris de : "ya pas reunion de dramane ouattara ici, ramenez-nous notre GBAGBO"...
Ultime information : malgré le renfort de gros bras, la ministre, au vu de l'enthousiasme des réfugiés à son endroit, a dû finir par appeler une pelletée de policiers ghanéens.
Heureusement pour lui que Ouattara s'en fout de la réconciliation entre Ivoiriens !
Texte : GP
PS : ci-dessous, donc, quelques photos et une vidéo qui montre bien la tension durant cette visite réconciliatrice...