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Le Gri-Gri International

Né au Gabon en 2001

Réfugiés, cacao, démocratie et Gbagbo / Conférence du 10 mai à Ronchin (#CompteRendu)

Publié le 17 Mai 2016 par Gri-Gri International Sylvie Bocquet N'guessan in Côte d'Ivoire - Élections 2010, Devoir d'histoire, Francophonie, Françafrique, Politique

Réfugiés, cacao, démocratie et Gbagbo / Conférence du 10 mai à Ronchin (#CompteRendu)

Mardi 10 mai 2016, à Ronchin dans une proche banlieue de Lille au Nord de la France, une conférence a été organisée par l’association Côte d’Ivoire, Rechercher et Dire la Vérité (RDV). Cette association a pour objectif de :

« Rechercher la vérité des faits relatifs aux évènements qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire ces dernières années, s’appuyer sur des travaux irréfutables, déconstruire le discours officiel relayé par des médias peu enclins au travail de recoupement des faits, informer l’opinion publique française sur la réalité de la société ivoirienne, son histoire, sa richesse, la dynamique au sein de ses différentes composantes sociologiques, linguistiques et culturelles…».

La conférence avait pour thème « Le goût amer du cacao, le goût amer de la démocratie ? » et était animée par le journaliste-écrivain François Mattei auteur de « Pour la vérité et la justice » aux éditions du moment. Auprès de lui, à la table de conférence, se trouvaient André Prochasson président de l’association Côte d’Ivoire, Rechercher et Dire la Vérité », Clotilde Ohouochi, Ancien ministre de la Santé et de la Sécurité sociale de Côte d’Ivoire et Sylvie Bocquet N’guessan, auteure ronchinoise de « Côte d’Ivoire, le pays déchiré de mon grand-père »et « Voyages croisés » parus tous deux aux Editions l’Harmattan.

Madame Sylvie Bocquet N’guessan avait, pour la circonstance, invité des personnes de sa connaissance et de son entourage (amis, voisins, membres d’associations de sa commune…). 80 personnes ont répondu à cette invitation. La plupart avait lu son livre premier livre et voulait en apprendre plus sur l’épilogue de ce récit de la crise post électorale de 2010 en Côte d’Ivoire.

La conférence a démarré par la projection d’un diaporama sur la visite de la famille Bocquet aux réfugiés ivoiriens du Ghana, en février dernier, plus spécialement à Accra et au camp de réfugiés d’Ampain. Mme Bocquet a rappelé à l’assistance qu’à la faveur de la crise post-électorale, des centaines de milliers d’ivoiriens ont pris le chemin de l’exil. Plus de 10 000 croupissent dans les 3 camps du HCR au Ghana, dans le dénuement le plus total.

François Mattéi a ensuite pris la parole pour expliquer la situation actuelle de la Côte d’Ivoire. Il a mis l’accent sur la politique de « rectification » et de « reprise en main » minutieusement élaborée par la France, depuis 2002, pour évincer Laurent Gbagbo du pouvoir. Le crime de celui-ci, c’est d’avoir tenté d’évoluer en dehors du moule conventionnel de la Françafrique et d’avoir engagé de profondes réformes structurelles, politiques, économiques et sociales indépendamment des injonctions françaises. Ce qui lui vaut son incarcération aujourd’hui à la CPI. Mattéi a dressé un tableau désavantageux pour l’Afrique francophone de ses relations avec la France, dénoncé les clauses des accords de défense qui lient la France à ses anciennes ( ?) colonies d’Afrique et qui offrent gracieusement les richesses minérales et énergétiques de ces pays à leur ancienne Métropole. Il a expliqué le caractère aberrant et anachronique du Franc CFA qui est une vraie monnaie de singes. Il a terminé par la guerre post électorale de 2010 dans laquelle la responsabilité de la France est évidente et qui a occasionné des situations dramatiques dont les exilés et les prisonniers politiques.

Le public, très attentif, a exprimé sa surprise voire sa sidération face à de telles révélations. Beaucoup ont exprimé le regret d'avoir été si mal informés.

La ministre Clotilde Ohouochi a succinctement parlé de la Cour Pénale Internationale et de la volonté manifeste des pays africains, parties au Traité de Rome, de se retirer de cette Cour dont plus de 80% des détenus sont d’origine africaine. Une juridiction internationale accusée de partialité, présentée par bon nombres d'Africains comme l'outil politique dont se servent les grandes puissances pour régler des comptes aux dirigeants africains qui ont l'audace de leur tenir tête. Et, pourtant, le statut de la CPI assure l'indépendance de la Justice. Il stipule que les juges sont indépendants (art.12) et que le procureur, responsable de l'instruction des dossiers et de l'exercice des poursuites, ne sollicite ni ne reçoit d'instruction d'aucun gouvernement ni d'aucune autre source (art.16). Nul n'est dupe. Pour accomplir sa mission, la CPI est bien dépendante du bon vouloir de ses fondateurs au Conseil de Sécurité et de leurs intérêts politiques. Outre cette immixtion intolérable des politiques dans le domaine judiciaire, certains pays tels les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde, Israël restent parmi les États qui n'ont pas ratifié le traité de Rome créant la CPI. Et, prime à l'impunité et à la partialité, l'article 98 de ce Traité permet à ces États non signataires de soustraire à la compétence de la Cour leurs ressortissants même s'ils commettent des crimes abominables hors de leurs frontières! Les pays africains sont donc valablement fondés à s'interroger sur la crédibilité de la CPI, crédibilité fortement entamée par sa propension à s'acharner uniquement sur leurs leaders. Et leur volonté collective de sortir de cette Cour n'est que plus légitime et justifiée. Destinée à faire reculer l'impunité, la justice internationale devrait marquer un immense progrès pour l'humanité car, aucune paix durable et crédible ne peut reposer sur l'injustice et l'impunité. Mais pour que cette initiative louable, dans laquelle chaque être humain exposé au péril de la guerre fonde tant d'espoir, n'ait pas un goût amer, ne soit pas une symphonie inachevée, la Justice internationale devra s'imposer à tous et pour tous.

Pour conclure, M. André Prochasson a raconté son cheminement personnel de Français ordinaire qui avait suivi l’actualité et pour qui, Laurent Gbagbo était un affreux dictateur jusqu’au jour où, après avoir écouté des témoignages directs d’Ivoiriens et lu plusieurs livres sur la crise ivoirienne, il a été révolté de s’être fait manipuler par les média et la version officielle. Il a alors décidé, avec des amis, de créer l’association « Côte d’Ivoire, Rechercher et Dire la Vérité », pour éclairer l’opinion publique française. Il a invité les participants à adhérer massivement à son organisation pour déconstruire les légendes malveillantes et s’engager dans le combat pour des relations de juste échange entre l’Afrique et la France.

Cette conférence-débat fut un véritable succès par le nombre de participants et la qualité des interventions.

Il convient de remercier M. le Maire de Ronchin et ses collaborateurs pour avoir facilité cette rencontre en mettant à notre disposition, à titre gracieux, la salle avec toutes les commodités.

Texte : Sylvie Bocquet N'guessan

Réfugiés, cacao, démocratie et Gbagbo / Conférence du 10 mai à Ronchin (#CompteRendu)
Réfugiés, cacao, démocratie et Gbagbo / Conférence du 10 mai à Ronchin (#CompteRendu)