Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Gri-Gri International

Le Gri-Gri International

Littérature - Politique - Philosophie - Histoire - Sports - Économie


#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse

Publié par Gri-Gri International Jérôme Reijasse sur 3 Juin 2016, 21:52pm

Catégories : #Jérôme Reijasse 7 jours loin du monde, #Sports, #Gos et Gars du moment

#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse

En attendant qu'il ait trouvé un titre de rubrique aussi performant que 7 jours loin du monde, les lettres d'amour amères de Jérôme Reijasse, destinées à ce qu'il reste d'humain, d'innocent et de non dérisoire en chacun d'entre nous, seront classées dans 7 jours...

Il a violé tous les records, démonté toutes les statistiques, affolé tous les compteurs.

Avant lui, qui ?

Personne. Sauf peut-être Mickey.

Il venait d'un pays où les suicides sont fréquents et où les meubles se montent à domicile. Un pays à la langue atroce et aux neiges mordantes.

Son nez, son chignon, son regard presque louche, sa taille de géant et ses pieds péniches ont séduit les enfants, les familles, les médias, les puceaux, ceux de la dernière heure.

Un héros sans pouvoir, un super sans plomb.

Il a conquis un territoire qui était sans défense. Il a écrasé les faibles et les forts l'ont éteint.

La ligue des champions n'a encore pas voulu de lui.

La ligue 1 a aimé le haïr, elle l'a adoubé, oubliant qu'ici, les rois, on les préfère sans tête.

Ses mots étaient parfois drôles, jamais en français. Il roulait les R comme il pliait les défenses.

Il provoquait les instances et ses ennemis avec l'arrogance d'un grand frère qui aurait trop redoublé.

Il a marqué, beaucoup, certains buts resteront, oui.

Il va être difficile de le remplacer. Le Qatar aime l'efficacité plus que l'histoire et il est aujourd'hui bien embarrassé. Trouver un nouveau robot capable d'exciter les touristes nippons comme Philippe Doucet ne sera pas chose aisée. Ce n'est pas notre problème.

C'est un problème de riches.

Des amis m'accusent de mauvaise foi. Ils ont raison. Et la mauvaise foi reste une foi.

J'espère que les anciens, que tous ceux qui ne vont plus au Parc et qui aiment Paris depuis leur canapé ont accueilli la nouvelle de son départ avec une joie sauvage. Avec une lueur dans les yeux.

Il a dit tout ce qu'il ne fallait pas dire. Il a nié Susic, Rai, Pauleta, Kombouaré, Luis, Ronnie, Mendy, Diané, Boulogne, Auteuil et tous les autres. Il a ricané devant les tombes. Nos tombes. Il a cru qu'un mercenaire n'avait pas d'odeur.

J'avais écrit, à son arrivée, un texte terrible sur lui. Et tous les mots sont encore à leur place. Légitimes.

Samedi, à la dixième minute, le match s'est arrêté et ils t'ont applaudi. J'ai même aperçu les larmes de Marco. Les larmes de tous ces gens en tribunes. Ils ne te déclaraient pas leur amour, non, ils commençaient déjà à craindre l'après. À redouter la défaite, à entrevoir le passé, notre passé. Et ils n'en voulaient pas, pour rien au monde. Dans leurs petits coeurs mal irrigués, ils rêvaient de Ronaldo, de Neymar, de Messi. Lewandowski, trop banal! Ils veulent du lourd, du gras, du rentable. Ils en sont là. Les enfants gâtés, les flipettes, les endormis. Les groupies.

Tu ne me manqueras pas. Même si le Qatar foire son recrutement. Même si la Ligue 1 redevient quelque chose de plus âpre. Je pense à Pastore. Il va enfin pouvoir régner.

Je pense également à ta fin de carrière. Je prie pour que tu signes finalement de l'autre côté de l'Atlantique. Là-bas, tu seras enfin vraiment chez toi: la démesure, le pragmatisme, la sauvagerie, l'argent roi, Hollywood, le divertissement comme seul horizon. Tu pourras encore exhiber tes enfants blonds et quitter la pelouse comme si de rien n'était. On fera peut-être un film sur toi. Et une attraction à Disneyland. Et un sandwich chez MacDo. Et tout ce que tu voudras.

Le Qatar souhaite baptiser une tribune du Parc à ton nom. Pourquoi pas, tant qu'on y est, le Parc Ibra ?

Tu t'en fous de toute façon.

Tu es venu en roi, tu repars en légende, as-tu tweeté comme un homme de ton époque.

C'est quoi, une légende? Le dictionnaire dit: “Récit à caractère merveilleux où les faits historiques sont transformés par l'imagination populaire ou l'invention poétique”.

Tu as vulgarisé l'exploit, piétiné les racines, insulté la mémoire, banalisé le talent. Chimère ikea, propagande libérale, monstre pas gentil.

Si un jour, ta statue trône devant le Parc, il n'y aura pas que les pigeons pour la salir.

Tu incarnes celui qui a enfoncé le clou, celui qui a validé la mort du football populaire. Ton peuple n'en est pas un. Ton royaume non plus. Ta légende est un crédit à taux variable.

Casse-toi Ibra et sans te retourner.

Pas de chant pour toi. Pas de tifo.

Juste le silence.

Mon fils grandira loin de toi.

Le plus beau cadeau que tu pouvais lui faire.

Je vais lui raconter Safet, je vais lui apprendre les chants anciens, je vais l'initier à l'appartenance.

Il saura.

Et toi, tu n'auras jamais existé.

Texte : Jérôme Reijasse

#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
#PSG Ibra, casse-toi ! / par Jérôme Reijasse
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Articles récents