Congo Brazzaville : un pays au bord du précipice
Après l’annonce de la victoire à l’élection présidentielle de Denis Sassou Nguesso, l’inquiétude a gagné chaque Congolais qu’il soit partisan ou opposant du Président au pouvoir depuis 32 ans. Dans le pays, la tension est palpable, la télévision nationale multiplie les déclarations menaçantes et chaque jour la force publique se livre à des arrestations d’opposants.
L’indigence coupable de la communauté internationale
Depuis la proclamation de la victoire au premier tour à plus de 60% du candidat Denis Sassou Nguesso, les forces de l’ordre ne cessent d’intimider, de menacer, d’arrêter les proches des candidats de l’opposition. Il ne se passe pas un jour sans que des SMS ou les réseaux sociaux annoncent l’embastillement des uns et des autres. Dernier à avoir subi les foudres du régime, Serge René Blanchard Oba, porte-parole du candidat de l’opposition Okombi Salissa, pourtant membre de la grande famille Sassou Nguesso. Dans le Congo d’aujourd’hui même les liens familiaux ne protègent plus. L’arrestation, de Charles Zacharie Bowao, un ancien ministre de la défense et une figure de l’opposition est d’ores et déjà programmée.
Les candidats qui ont combattu Denis Sassou Nguesso dans les urnes ne cessent de condamner et de dénoncer ces multiples atteintes aux droits de l’homme et à la démocratie et appelle la communauté internationale à l’aide. Dans une déclaration du 27 mars, les comités de soutien du Général Mokoko lance un appel « vibrant et pathétique notamment à la France, aux Etats-Unis, à l’Union Européenne pour arrêter cette tragédie programmée. » Pour l’instant, ils prêchent dans le désert. Aucun Etat n’a encore tapé du poing sur la table alors que la situation est à hauts risques. La guerre de 1997 est encore dans toutes les têtes et les Cobras une des milices affiliée à Sassou Nguesso, de cette sinistre époque, s’est déjà reconstituée. Combien de morts faudra-t-il pour que la « communauté internationale » vienne au chevet du Congo ? Une nouvelle fois, alors que toutes les chancelleries présentes à Brazzaville ne peuvent ignorer la présence d’un baril de poudre prêt à exploser, la diplomatie internationale se tait. Quand le feu aura pris, ils se donneront bonne conscience en jouant aux pompiers mais il sera trop tard.
Denis Sassou Nguesso et la stratégie burundaise
La stratégie du Président autoproclamé Denis Sassou Nguesso est simple, il applique les mêmes méthodes qui permettent au Président burundais, Pierre Nkurunziza, de se maintenir au pouvoir depuis plus de 9 mois malgré une élection illégale et contestée. Dans ce pays aussi, la diplomatie internationale a failli et les graves exactions commises actuellement au Burundi ne provoquent que quelques atermoiements ponctuels, sans pour autant permettre de trouver une issue à la crise que traverse ce pays. D’ailleurs en prévision de son passage en force le Président congolais avait fermement soutenu son homologue burundais, pour que son cas fasse jurisprudence. Apparemment c’est réussi. Au Congo Brazzaville aussi on arrête, torture, la télé nationale déverse des tombereaux de mensonges et d’insanités sur les responsables de l’opposition, essayant de recréer un conflit ethnique Nord-Sud qui n’existe plus. Quant au traitement de sa majesté Denis Sassou Nguesso et de sa femme Antoinette, la mère de la nation, il est résumé dans cette phrase de l’écrivain congolais Alain Mabanckou : « Sassou ferait passer Staline pour un guitariste » !
TEXTE : Justine Okimi