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Le Gri-Gri International

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#ProcèsDeLaHonte / Le témoin P547 gêne MÊME le quotidien de révérence... (#FreeGbagbo #CPI)

Publié par Gri-Gri International sur 4 Février 2016, 20:48pm

Catégories : #Côte d'Ivoire - Élections 2010, #CPI, #Francophonie, #Françafrique

#ProcèsDeLaHonte / Le témoin P547 gêne MÊME le quotidien de révérence... (#FreeGbagbo #CPI)

SOURCE

« P547 » parle vite, en dioula. Premier témoin appelé à la barre par le procureur dans le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé devant la Cour pénale internationale (CPI), mercredi 3 février, il est l’une des victimes de la répression d’une manifestation aux abords de la radio-télévision ivoirienne à Abidjan, le 16 décembre 2010. Ce jour-là, P547 est touché d’une balle dans la cuisse, puis sévèrement battu par des « soldats commandos » aux ordres d’un membre de la garde républicaine.

Selon l’accusation, la répression aurait fait 45 morts et 54 blessés. P547 est de ceux-là. Et il le raconte à la barre. Mais, par une bizarrerie assez unique dans une cour de justice, la salle d’audience de la CPI n’est pas pleinement accessible à la vue du public. La galerie surplombe la salle d’audience, et la barre des témoins a été placée sous cette galerie. La grande majorité des témoins bénéficie de mesures de protection : pseudonyme, voix distordue, visage couvert d’une mire quadrillée sur les écrans diffusant l’audience dans la galerie publique. Tandis que P547 s’exprime d’une voix tronquée, les carrés s’animent au rythme des gestes du témoin, donnant l’impression de regarder un jeu vidéo.

« J’en ai vu un écrire ! »

Ce mercredi matin, le procureur Eric McDonald enchaîne les questions et P547 raconte qu’alors qu’il est étendu à terre les soldats lui volent son portefeuille et son téléphone portable et lui demandent son nom. Patatras, dans l’élan du récit, le témoin révèle son identité. « Dois-je demander à la chambre une ordonnance de non-divulgation ? », interroge le procureur McDonald. Après quelques secondes de tâtonnement, le juge-président ordonne de ne pas divulguer l’identité de cet homme venu d’Abidjan.

Les audiences de la cour sont retransmises sur Internet avec un délai de trente minutes, justement pour permettre de parer à de telles situations. La retransmission sera donc amputée dudit passage. Curieusement, le juge Cuno Tarfusser, au lieu d’avertir de la peine encourue en cas de divulgation de l’identité du témoin, lève le regard vers la galerie publique et s’adresse aux gardes de sécurité :« Prenez les noms des journalistes présents ! » Et ajoute : « J’en ai vu un écrire ! » Dans la galerie, une trentaine de personnes sont présentes, dont les fameux journalistes, un groupe d’étudiants, mais aussi une poignée de partisans des deux accusés.

Les risques pris par les témoins sont bien réels, mais les mesures de protection, accordées quasi systématiquement par la cour, soulèvent des questions. Dans d’autres tribunaux internationaux et devant les justices nationales, ce sont généralement les insiders, les repentis révélant les rouages d’une machine criminelle, qui bénéficient d’une protection. Laquelle ne peut jamais être garantie à 100 %, expliquent les experts.

Les mesures prises par la CPI ont montré leurs limites, notamment avec les procédures intentées contre le président kényan Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto. Le procureur d’alors avait dénoncé des faits de corruption et d’intimidation de témoins et poursuit plusieurs Kényans pour « outrage à la justice ». Le système, très coûteux, empêche en outre la cour de rendre une justice publique, alimentant un peu plus les suspicions que nourrissent les partisans des accusés qui comparaissent devant elle.

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