Nous reproduisons ici, avec son autorisation, le post de Clotilde Ohouochi, ancienne ministre de la Santé ivoirienne et vice-présidente du FPI sur son compte Facebook.
C'est toujours un redoutable devoir de rendre hommage à un être cher qui part. Tant les mots peinent à sortir, à passer la barrière de la gorge nouée. Pour mon amie Rose, je reprendrai les mots de la célèbre chanson de Françoise Hardy "Mon amie la rose", pour dire qu'on est vraiment peu de choses.
Hier, la plus belle fleur du jardin, demain poussière. Telle est l'implacable réalité de notre condition humaine. Dans ma culture du Sud de la Côte d'Ivoire, pour rendre hommage à celui ou celle qui part, on met en exergue, par des représentations symboliques, ses qualités physiques ou morales ou encore les choses qu'il ou elle affectionnait le plus. Par exemple, s'il s'agit d'un guerrier, des jeunes gens se parent d'attributs de guerrier et font des parades à travers le village. Pour toi Rose, pour te dire l'ultime adieu, on aurait paré des jeunes filles de bijoux de grands prix et elles auraient exécuté en ton honneur la danse rituelle des personnes de valeur. Pour toi dont la première chose que j'ai retenue est l'attention particulière, quasi obsessionnelle que tu accordes à ton aspect extérieur. Toujours bien mise, ta beauté somptueuse, halée et rayonnante irradiait à chacune de tes apparitions, rappelant l'allure féline des princesses des Mille et une nuits.
Ma chère Rose, en principe, la Côte d'Ivoire officielle, ta deuxième patrie que tu chérissais tant et où tu as passé plus de 20 ans de ta vie, devait te rendre un hommage officiel et déférent, dû à ton rang. Tu n'auras pas cet insigne honneur parce que tu as choisi le mauvais camp, le camp de tous ceux qui, français ou d'autres nationalités européennes, se battent quotidiennement aux côtés des Africains engagés dans la lutte pour leur dignité, leur liberté, leur souveraineté. Tu as opté pour ceux qui sont ostracisés parce que politiquement incorrects, dans un monde où l'on affectionne et s'accommode de vérité à demie teinte, de clair-obscur. Merci pour le combat de la vérité que tu as mené pour nous, ivoiriens, aux côtés d'Edmond, dans la plus grande discrétion.
Merci pour cette amitié chaleureuse et authentique dont je m'honore dans un environnement humain où amitié rime souvent avec intérêt et vénalité. A Edmond ton compagnon, ton ami de toujours qui a su être là, surtout au plus fort des moments d'extrême souffrance, j'adresse mes condoléances les plus émues et mon affectueuse compassion. A ta famille, tes proches, ma sincère sympathie. Tu resteras à jamais gravée dans le marbre de nos souvenirs. Va ton chemin et bon vent".
La représentante du FPI Hortense Adé Assalé, a salué Edmond au nom du président Laurent Gbagbo dont un portrait avec Rose défilait dans la bande déroulante. De même qu'un autre de Rose et Simone Gbagbo. La cérémonie a réuni une centaine de personnalités du monde diplomatique, des milieux d'affaires et de l'administration, dont une dizaine d'Africains.
C'était au crématorium de Père Lachaise à Paris, le samedi 27 février 2016.
Texte : Clotilde Ohouochi