Texte paru ici même le 18 janvier 2011
Lorsque vous entendrez parler de la Côte d’Ivoire, tendez l’oreille, on parle de vous. Il n’y a pas de crise ivoirienne, ce n’est pas la Côte d’Ivoire qui est en crise, il y a une crise des intérêts français en Côte d’Ivoire suite à la décision du Conseil constitutionnel ivoirien de valider la victoire deLaurent Gbagbo à la présidentielle de 2010. Dés lors, ni l’ONU, ni la France ni une quelconque institution internationale ne peut en aucun cas se substituer à la constitution ivoirienne. Il existe une attitude légaliste, butée et débonnaire, qui persiste à croire que les situations politiques dans l’Ouest Africain doivent être soumises aux mêmes critères d’analyses que leurs variantes occidentales et que les républiques africaines devraient se conformer au droit constitutionnel hérité de la France. Or l’attitude légaliste n’est pas l’unique grille de lecture et la République, qui de fait associe l’intérêt général aux intérêts du peuple, doit être seule à triompher dans tous les cas de figures. Lorsque le président français Nicolas Sarkozy du haut de sa tribune pose un ultimatum au président Gbagbo et à sa femme, je me range automatiquement du côté de Gbagbo parce qu’à ce moment précis il devient une figure emblématique.
Et lorsque cette insulte est proférée au moment même ou nous fêtons le cinquantenaire de nos indépendances octroyées, Gbagbo devient un être providentiel, et les éructations des milieux d’affaires, les menaces d’une intervention militaire et l’unanimité des flics de la presse à le designer perdant, deviennent autant de titres honorifiques qui s’ajoutent à son curriculum. Nous connaissons à présent la composition de la Commission électorale dite indépendante, elle était à 80% Ouatariste ! Gbagbo demande le recompte des voix, la communauté internationale lui exige de perdre. Il sait le prix de la défaite ! C’est le renouvellement du Pacte colonial, c’est l’uranium nigérien vendu à vil prix à la compagnie française Areva, le pétrole gabonais à Elf Aquitaine, les projets d’aménagement de nos territoires réservé à Bouygues, les télécommunications au groupe Orange ; paludisme et pieds nus pour les enfants de Cocody, hors-bord et école privée pour les rejetons français de la Lagune, mains calleuses et toits de chaumes pour les cultivateurs de cacao du ZanZan, Jaguar et appartements de luxe pour les chocolatiers de Neuilly ; parce que c’est à ce prix là que l’on mange du sucre en Europe.
Ce que veut la France c’est conserver dans ses territoires l’aristocratie républicaine dressée pour la servir, tels Bongoet Eyadema, ventripotent dans leurs costumes, sergents chefs au syndicat de la trahison et dignes successeurs de leurs pères respectifs. Et lorsque rien ne marche, on fomente une rébellion armée, on exige des élections pour bourrer les urnes, on organise le crime crapuleux et des campagnes de presse, parce qu’il faut vaincre sans avoir raison, parce qu’il faut que les bourgeois de la grande industrie française dorment tranquille, et que les partis politiques français se fassent financer leurs campagnes électorales au détriment de nos peuples. La France ne peut pas nous humilier chez elle et chez nous. Vous connaissez le mythe de la terre d’accueil, les contrôles au faciès, la réalité des rafles nocturnes et des déportations sommaires. De quel côté du revolver êtes-vous ? D’un côté vous avez Ouattara avec ses propriétés parisiennes, ses amis du FMI, ses frères maçonniques et sa femme, de l’autre vous avez Gbagbo dont le seul tort est le refus de négocier les intérêts de la Cote d’Ivoire et pour cela il est calomnié, livré pantelant aux convulsions du brigandage, vilipendé par le même système qui jadis nous vendit le cannibalisme de Bokassa. Les ennemis de la Cote d’Ivoire sont planqués dans un hôtel, incapables d’orchestrer un soulèvement populaire, trahis par les électeurs fictifs qui les ont élus et comble du comble, c’est l’ONU qui les protège. Je vous ferais remarquer au passage que l’ONU a fait un bien meilleur travail à défendre les retranchés de l’hôtel du Golf que les Tutsis de l’hôtel des Milles Collines à Kigali lors des massacres de 1994, parce que ses interventions sont fonction du pédigrée des victimes. Nous ne sommes plus les tirailleurs de la France. Aucun Sénégalais n’ira mourir en Côte d’Ivoire. L’amélioration de nos conditions d’existence passe nécessairement par le contrôle de nos matières premières que seule notre souveraineté nationale peut garantir. Or être souverain c’est pouvoir librement décider de son sort. Gbagbo doit gagner, la marche de l’histoire l’exige ! Et c’est la seule Renaissance Africaine qu’il vous sera donné de vivre.
Texte - Malick Noël SECK