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Le Gri-Gri International

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#SemainePasoSurLeBallast / Les banlieues de Cecilia Mangini et Pasolini (#AnneViolaineHoucke)

Publié par Gri-Gri International sur 25 Décembre 2015, 12:06pm

Catégories : #Littérature, #Devoir d'histoire

#SemainePasoSurLeBallast / Les banlieues de Cecilia Mangini et Pasolini (#AnneViolaineHoucke)

Ce texte est le récit d’une rencontre entre Pier Paolo Pasolini et Cecilia Mangini – la première femme à avoir fait du documentaire en Italie – autour de la figure des jeunes des borgate, sortes de « banlieues » du pays. C’est aussi le récit d’une censure : censure du poète, mais censure, surtout, de la vie de ces « petits brigands », de ces oubliés du pouvoir et de ces marges appelées à disparaître sous le poids de l'uniformisation en cours dans l’Italie de l'après-guerre.

☰ Par Anne-Violaine Houcke

14 mai 1958 : un « faux » document sur papier à en-tête du ciné-journalOrizzonte Cinematografico informe d’un tournage intitulé Jeux d’enfants1. Les jeux, l’enfance ; un titre bien innocent pour ce film de Cecilia Mangini. CesJeux d’enfants sont en réalité une adaptation de l'un des romans de Pasolini,Ragazzi di vitaune véritable plongée dans l’intimité vitale et désespérée des jeunes vivant dans les banlieues romaines (que l’on retrouvera, quelques années plus tard, dans les films Accattone, en 1961, et Mamma Roma, en 1962). Ces mêmes banlieues que Cecilia Mangini a elle aussi arpentées lorsqu’elle est arrivée à Rome au début des années cinquante, soit à peu près en même temps que Pasolini. Le livre de Pasolini paraît en 1955, « épuré » de ses traits trop scandaleux suite aux scrupules moralistes de l’éditeur Garzanti ; il n’en fait pas moins l’objet d’un procès pour « caractère pornographique ».Ignoti alla città, le titre qui se cache sous ce Jeux d’enfants en couleurs, est lui aussi censuré : le court métrage se voit en effet refuser le visa de censure pour « incitation à la délinquance ». Le ministre qui veille alors à la moralité, Fernando Tambroni, est un ancien duParti national fasciste opportunément reconverti à la Démocratie chrétienne. C’est lui qui, en 1960, écrasera dans le sang les manifestations d’opposition à l’entrée de fascistes dans son propre gouvernement2.

Le prétexte de l’accusation d’incitation à la délinquance portée contre le film de Cecilia Mangini est une courte saynète montrant trois enfants volant quelques journaux. On les voit aussi dormir au milieu des bidons, jouer au foot et aux cartes, travailler dans les décharges, soutenir les copains à la prison de Porta Portese, aller au manège, se baigner dans l’Aniene et se battre dans la boue des marécages, organiser des combats de chiens et faire des feux d’herbes sèches, partager des cigarettes : autant de moments tirés de Ragazzi di vita, le roman de Pasolini, autant de morceaux de réalité qui ne dérangent personne… tant que personne ne les voit.

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