Des positions tenues par les Forces républicaine de Côte d’Ivoire ont été attaquées, le 2 décembre, dans l’ouest du pays, près de la frontière avec le Liberia, par des hommes armés non identifiés. Le bilan fait était d’au moins 6 militaires ivoiriens tués.
« Notre position à Olodio, près de Grabo a subi une attaque vers 04H00 qui s’est soldée par un bilan ci-après : ceux qui tenaient notre position ont perdu six hommes », a en effet annoncé Paul Koffi Koffi, le ministre ivoirien de la Défense. « Quatre assaillants ont été tués dans les échanges de tirs qui ont duré une heure et fait quatre blessés et six prisonniers », a-t-il ajouté, avant d’assurer que la situation était sous contrôle.
« Nous avons entendu des tirs et des échanges de coups de feu qui ont duré plusieurs heures (…), nous nous sommes cachés », a témoigné un civil habitant le secteur concerné et dont les propos ont été rapportés par l’AFP.
« L’attaque a été lancée par surprise, les assaillants sont arrivés du côté du Liberia. On a eu des hommes à terre, nous avons fait aussi des morts dans le camp des assaillants », a témoigné, auprès de Jeune Afrique, un officier ivoirien.
Ce n’est pas la première fois que la région frontalière avec le Liberia est le théâtre de tensions. En juin 2012, 7 Casques bleus de l’ONUCI, la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire, perdirent la vie dans une embuscade tendue, là encore, par un groupe non identifié.
En février 2014, une attaque contre les FRCI, également à Grabo, avait fait 4 tués, dont trois civils. Plus tôt cette année, une vingtaine d’individus armés ont pris à partie des militaires ivoiriens dans le même secteur. Bilan : 2 morts.
Toutes ces attaques, sont probablement le fait de milices et de mercenaires venus du Liberia. Ce que conteste Monrovia, pour qui cette instabilité est un problème « purement ivoirien ».
Dans un rapport publié il y a un peu plus de 3 ans, et dans lequel étaient dénoncées des attaques commises contre des villages ivoiriens durant l’année 2011, Human Rights Watch avait accusé le gouvernement libérien de pratiquer la « politique de l’autruche ».
« Plutôt que d’assumer leur responsabilité de poursuivre en justice ou d’extrader les personnes impliquées dans des crimes internationaux, les autorités libériennes sont restées passives alors que beaucoup de ces personnes recrutent des enfants soldats et mènent des attaques transfrontalières meurtrières », avait Matt Wells, un chercheur de l’ONG, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest.
Cela étant, l’ouest de la Côte d’Ivoire est en proie à une instabilité chronique, en raison notamment de tensions ethniques et de problèmes fonciers.
« Deux régions administratives de ce vaste espace géographique frontalier du Libéria posent plus particulièrement problème : la Cavally et le Guémon. Ce sont les deux régions, en dehors d’Abidjan, où la crise postélectorale [ndlr, de 2011] a fait le plus grand nombre de victimes et où les violences les plus graves qui ont suivi cette crise ont été enregistrées. Leurs problèmes n’ont pas fait l’objet d’un traitement politique et économique de la part du gouvernement actuel mais d’un verrouillage sécuritaire qui n’a pas réduit l’instabilité chronique. Celle-ci demeure un facteur potentiel de relance de la crise », explique l’International Crisis Group.