Bakary Mariko répond à l’Imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali : Je vous accuse d’apologie du terrorisme
L’interview accordée le lundi 22 novembre 2015, sur la Voix de l’Amérique par le Président du Haut Conseil Islamique du Mali, l’Imam Mahmoud Dicko, suite à l’attentat perpétré le vendredi 20 novembre 2015, à l’Hôtel Radisson Blu de Bamako, fait des vagues. «Ces gens nous ont été envoyés par Dieu à cause de nos comportements, car tout le monde sait aujourd’hui ce qui se passe chez nous ! Il y a actuellement dans notre pays des adeptes de Loufti (Gay, Lesbiennes), des bars et ce qui s’est passé n’est qu’une infime partie de ce qui doit nous arriver, et le plus dur est à venir ! ». A travers ces mots passés sur la VOA, l’Imam Dicko fait « purement et simplement l’apologie du terrorisme ! », selon Bakary Mariko. Il constate par la même occasion qu’il n’y a eu aucune réaction venant ni du pouvoir ni de l’opposition encore moins de la société civile, après une telle déclaration. Voici la contribution de Bakary Mariko.
Il est parfois difficile de mettre en doute un propos asséné avec assurance.
Ne nous laissons pas impressionner ! Ce n’est pas parce que le comptable nous parle de rémunération qu’il nous faut renoncer à la rémunération dont nous avions souvenir …
L’interview accordée, le lundi 22 novembre 2015, sur la Voix de l’Amérique par le Président du Haut Conseil Islamique du Mali, le célébrissime Imam Mahmoud Dicko donne des sueurs froides dans le dos.
En effet, suite à l’attentat perpétré le vendredi 20 novembre 2015, à l’Hôtel Radisson Blu de Bamako, cet homme de tous les régimes dit ceci en Bambara (traduction) : « ces gens nous ont été envoyés par Dieu à cause de nos comportements, car tout le monde sait aujourd’hui ce qui se passe chez nous ! Il y a actuellement dans notre pays des adeptes de Loufti (Gay, Lesbiennes), des bars et ce qui s’est passé n’est qu’une infime partie de ce qui doit nous arriver, et le plus dur est à venir ! ».
Comme on le dit : « le traducteur est un traître ». Mais sans aucune exagération, voilà les propos du premier responsable de la plus haute autorité musulmane du Mali face à l’indicible, l’inacceptable, l’injustifiable !
Eh oui ! Cet adepte de l’islam politique se dévoile tous les jours que Dieu fait depuis qu’il a réussi à faire retirer en 2007 le fameux code de la famille.
Pendant la crise en 2012, au cours d’un grand meeting au stade du 26 mars, habillé en Ayatollah, il disait ceci aux occupants islamistes du Nord de notre pays « mes frères, ce que vous faites aujourd’hui avec les armes, nous le faisons depuis plus de 20 ans dans ce pays sans armes, alors acceptons de nous rencontrer pour parler ! ».
Aujourd’hui, il monte complètement en grade en faisant purement et simplement l’apologie du terrorisme ! Sans aucune réaction venant ni du pouvoir, ni de l’opposition encore moins de la société civile.
Or, tout le monde connait l’ambition de l’homme, après avoir empoché vingt(20) millions de francs CFA comme frais de sacrifices pour sauver le régime finissant d’ATT, il se retrouve du côté des putschistes le lendemain tentant par tous les moyens à devenir le Président de la Transition.
Face à l’islam politique, aux amalgames, aux intimidations, aux menaces à peine voilées, il est temps que l’Etat malien s’assume.
Mais aussi et surtout l’ensemble de la classe politique, même si la politique ne réussit que par la duplicité, il est incompréhensible qu’à l’heure la plus grave de notre histoire qu’elle se taise. Car aucune considération tactique ne peut expliquer et justifier qu’on se permette maintenant de laisser passer une telle bouffonnerie pour dédouaner ces dirigeants qui trahissent leur drapeau, leur cause et leur pays, pour se faire une fallacieuse popularité personnelle.
Aujourd’hui, on ne doit pas se permettre de dévoyer la politique, qui est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire par la pédagogie et l’action, en la perdant dans la communication et la démagogie ?
Non, Messieurs, notre exception ne doit pas nous faire oublier notre évidence et incontournable appartenance à l’humanité, nous ne devons pas nous inscrire en dehors de « l’expérience dumonde ».
Le Mali a besoin d’un changement de mentalité, de comportement de la part de ceux qui le représentent, l’incarnent ou qui sont censés défendre ses intérêts.
En politique, rien n’est pire que les passions et les bons sentiments. C’est pourquoi, aujourd’hui face à des propos inacceptables, chaque Malien doit se poser la question de la responsabilité de chacun dans la définition du devoir. Cela évitera les confusions.
Sinon, dites-moi quelle est la nature de ce pays, de cette République, où on laisse tout passer au nom de notre exception et de Dieu ? Que vaut cette exception si elle ne nous permet pas de vivre en harmonie et d’entrer dans le concert des nations ? Que dit Dieu si sous l’excès de la souffrance, de l’humiliation et de la révolte, un peuple veut témoigner sa vérité ? Dieu dit quoi devant le pleur d’une mère privée de son fils ? D’une veuve face au corps sans vie de son mari ?
Monsieur Dicko, moi je vous dis que si l’empire de Dieu doit se fonder sur la souffrance, le désespoir ou la mort des hommes, alors, tant pis pour Dieu ! Que fait Dieu devant la trahison de celui qu’il avait choisi pour devenir le meilleur des hommes dans un pays ? Car selon le hadith du prophète Mohammed (PSL) : « le meilleur des hommes est celui qui leur est le plus utile ».
Monsieur Dicko, pensez-vous être encore utile pour ce pays après une telle forfaiture ?
Aujourd’hui, pour sa stabilité, le Mali doit inventer la politique du possible en s’écartant de celle de la fatalité et de l’échec, tout en se disant qu’il est possible de vivre en harmonie dans une société sans être d’accord sur les valeurs sous-jacentes.
Au Président de la République de comprendre que la catastrophe qui finit par arriver n’est jamais celle à laquelle on s’est préparé. Car la parole dit : « les hommes ne passent pas la nuit auprès du feu qu’ils ont allumé ! Ils sont inconstants. »