Azyle : la légende du graffiti parle avant son procès
Clique rencontre Azyle à Paris. Entre Mouloud et le graffeur, une vitre recouverte d’un de ses tags.
Mouloud Achour : « Comment dois-je t’appeler ? »
Azyle : « Sylvain ou Azyle, comme tu veux. »
Mouloud : « Pourquoi est-ce qu’on est là derrière une vitre ? »
Azyle : « Les seules personnes qui ont le lien entre Azyle et mon identité, c’est la justice, police et quelques rares personnes. Avant d’être arrêté en 2007, j’ai taggué pendant 17 ans dans le métro. »
Mouloud : “Combien est-ce que la RATP te réclame ?”
Azyle : “A peu près 200 000 euros.”
Mouloud : “Qui est Sylvain? »
Azyle : “Je suis en né en 1974 et je fais des expertises dans une grande boîte automobile. J’ai deux enfants de 13 et bientôt 6 ans.”
Mouloud : “L’arrestation d’Azyle vue par Sylvain ?”
Azyle : “Je me suis dit « merde je suis dans la voiture de police, j’ai été arrêté ». Pendant 17 ans quand tu dois réussir à cacher une partie de ton activité c’est très dur.”
Mouloud : “C’est comme si Bruce Wayne disait “c’était moi Batman”. Comment est-ce qu’on le dit à sa femme ?”
Azyle : “On avait un contrat au départ, je lui disais que j’avais une passion nocturne, que je prenais mes mercredis et dimanches soirs et que j’allais dans des lieux souterrains.”
Mouloud : “T’as envie de payer ta dette à la RATP ?”
Azyle : “Moi fondamentalement j’ai une valeur c’est la justice. Je déteste l’injustice. Je sais que c’était illégal ce que je faisais. J’ai aucun problème avec le fait qu’on me cartonne.”
Azyle montre à Mouloud ses recherches et son devis, il estime que la RATP lui réclame trop d’argent pour les dégâts qu’il a faits.
Azyle : “En 2007, je me fais arrêter et je passe à peu près deux ans à prendre toute ma procédure, et je l’analyse. Je suis parti de ça pour demander des comptes à la RATP.”
Mouloud : “C’est quoi le but ultime de ta démarche ?”
Azyle : “Etre entendu et pris en compte. Je leur livre ma condamnation sur un plateau mais ça suffit pas, ils entendent rien.”
Mouloud : “La plupart des artistes de graf qui ont commencé comme toi vendent en galeries aujourd’hui. Ils gagnent de l’argent, pourquoi est-ce que toi tu gagnes pas de l’argent avec ça ?”
Azyle : “Moi ma démarche est pas lucrative, c’est pas dans mon for intérieur de faire ça parce que ce qui donne la beauté au truc c’est le fait que ce soit gratuit. Elle se tient dans le métro et elle a pas de place ailleurs.”
Mouloud lui montre une photo d’une dizaine de membres du personnel de la RATP en train de nettoyer un métro qu’il a entièrement taggé. Azyle commente.
Azyle : “Elle est magnifique cette photo. Y en a qui ont une encre de merde et y en a qui ont une encre de qualité qui tient. Je vois les gens qui nettoient, j’ai même voulu rentrer dans des sociétés de nettoyage mais c’était compliqué.”
Mouloud : “Est ce que t’as déjà parlé aux gens qui nettoyaient tes tags ?”
Azyle : “Oui, pour infiltrer leurs sociétés de nettoyage, pour avoir les horaires, les lieux, et les rejoindre. J’ai dupliqué mes identités pour arriver à mes fins. Je me suis fait passer pour un flic, et certains tagueurs me prenaient pour un civil. J’ai tous les costumes de la RATP, c’est mon côté fétichiste. J’aime la RATP, leur logo, leurs vêtements.”
Mouloud : “Azyle, une dernière question, est-ce que t’es fou ?”
Azyle : “Je sais pas. Je pense que le fait de jouer au fou a commencé à me rendre fou. J’ai aimé rentrer dans tout ce qui peut tourner autour de la signification du mot “asile”, en ayant une démarche jusqu’au-boutiste et un peu folle pour certains.”
Le lendemain, Mouloud retrouve Azyle pour un rendez-vous avez un huissier. L’expérience du graffeur consiste à faire constater devant un huissier de justice le temps de nettoyage des supports de la ratp. “Le support fait un mètre carré, la plastification correspond à celle du métro, et les essais de nettoyage chronométrés seront faits avec les mêmes produits que ceux utilisés par la RATP. Après, on comparera nos chiffres et nos résultats pour s’expliquer avec la RATP”, explique Azyle. “La RATP estime que le nettoyage d’un mètre carré prend une heure”, poursuit-il.
6 minutes et 14 secondes, sans laisser agir le produit, c’est le temps que prend le nettoyage d’Azyle.
Azyle : “On divise par dix le temps indiqué par la RATP.”
On rencontre Maître Jean-François Jésus, l’avocat d’Azyle. Il nous explique le dossier.
Maître Jésus : “La procédure est devant la cour d’appel de Paris après un jugement qui a condamné Azyle.”
Mouloud : “Pourquoi est ce que l’avocat de la RATP n’est pas là ?”
Maître Jésus : “Il a été informé et invité mais on constate qu’il n’est pas là.”
Mouloud : “Azyle dit qu’il est pour la justice, quel est le prix juste à payer pour Azyle ?”
Maître Jesus : “En rechiffrant, on arrive à 42 000 euros de dégâts.”
Mouloud : “Est ce que Jésus pourra sauver Azyle ?”
Maître Jésus : “il faudra attendre 3 jours pour ça.”
Le procès d’Azyle aura lieu le 7 octobre prochain