Ali Bongo Ondimba n’a pas prononcé le discours attendu par toute la nation le 16 août au soir comme de tradition. Un communiqué laconique de la première chaîne de télévision du Gabon, sous la forme d’une bande déroulante l’a annoncé 20 minutes, après le début du journal télévisé du dimanche 16 août 2015. L’allocution sera finalement programmée pour le lendemain 17 Août à 20 h 30. Aucune indication ne sera donnée sur l’interview annoncée pour 14 heures après la parade militaire. Le commentateur de cette manifestation et son lot de consultants militaires ont soigneusement évité le sujet. Préférant, au contraire, spéculer sur ce que va pouvoir dire le chef de l’Etat à 20h30 le 17 Août. Une prudence qui traduit la cacophonie qui règne au sommet de l’Etat. Les journalistes du 20 heures de ce dimanche 16 août n’ont voulu prendre aucun risque, sans doute pour éviter « les représailles » de la hiérarchie. Elle avait déjà été vertement tancée par le ministre porte-parole du gouvernement Denise Mekam’ne, pour lui avoir fait reprendre, comme une vulgaire comédienne, l’annonce de l’enterrement en première classe de la Prime d’incitation à la performance (PIP), à l’issue du Conseil des ministres précédant la fête nationale du Gabon. Cette fois, il fallait « assurer ». Tant pis si le peuple gabonais attendait avec intérêt ce qu’Ali Bongo Ondimba devait dire au sujet des inquiétudes du moment.
Tant pis surtout pour la communauté internationale, qui pousse les hommes politiques du Gabon à se parler, pour éviter le chaos en 2016 lors de l’élection présidentielle. La chaîne publique n’a pas trouvé tous ces éléments pertinents pour essayer de comprendre et édifier
les téléspectateurs sur cette situation. Selon des sources dignes de foi, le président de la République fait face à deux évènements majeurs qui l’on obligé à « décaler » son adresse à la nation. L’homme est physiquement à bout. Surtout sur le plan psychologique. La dernière garde à vue de son Nkani, Maixent Accrombessi, et surtout l’ouverture d’une information judiciaire l’ont particulièrement affecté. Il sait que l’étau judiciaire en France se resserre dangereusement sur lui. Il rentre d’ailleurs d’une visite privée en Europe pour essayer de se requinquer physiquement et moralement. Les pressions qu’il subit à l’intérieur de son propre camp, lui font prendre conscience que ses « amis » ont décidé de parler de lui au passé. Tout ceci est de nature à faire perdre son latin à tout être humain normalement constitué.
Le communiqué surréaliste de la présidence de la République, qui évoque sans rire « un emploi du temps surchargé » pour justifier le report in extremis du discours, ne fait qu’ajouter un peu plus au mélodrame. Le 17 août est une date inscrite en priorité sur l’agenda du chef de l’Etat du Gabon dès le 1er janvier de chaque année. Sauf décès ou maladie très grave, il ne peut pas se dérober. Surtout que c’est une date qui figure en lettre d’or dans la Constitution du Gabon. Le second élément qui a rendu le chef de l’Etat aphone est qu’il prendrait aussi très au sérieux les menaces avancées par ses adversaires politiques, notamment le président du Front uni de l’opposition pour l’alternance, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, le président du mouvement Bongo doit partir (BDP), Daniel Mengara, et le président du Parti social démocrate
(PSD), Pierre-Claver Maganga Moussavou. Ces derniers entendent organiser des manifestations publiques si Ali Bongo Ondimba n’annonce pas clairement l’ouverture du discours inclusif de toute la classe politique du Gabon dans les meilleurs délais. Le discours du 16 août est, en général, le canal le plus approprié pour répondre à toutes ces préoccupations. Il était impérieux pour le chef de l’Etat de tourner sept fois la langue dans sa bouche, avant de s’exprimer. Surtout que la communauté internationale est de plus en plus attentive sur ce plan. D’autant que la présidente de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), la Canadienne Michaëlle Jean, est annoncée à Libreville pour la fin du mois. Les sources
assurent que sur son agenda figure en bonne place l’appel à ce dialogue.
Il en est de même de la tenue de la conférence de l’Agoa à Libreville pour cette fin du mois. Ce n’est pas le moment le mieux indiqué pour avoir des manifestations de rue.
TEXTE - JMS (in Echos du Nord N°298)
#Gabon / Déjà, le discours de l'Héritage Alien a été prononcé en retard d'un jour !
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