Fançaise née de parents français, Isabelle Boni-Claverie a grandi au sein d'un milieu social privilégié dans un appartement cossu d'un beau quartier parisien. Après des études de lettres modernes à la Sorbonne et d’histoire de l’art à l’école du Louvre, elle intègre sur concours la Fémis, l'école de cinéma. Parcours sans faute. Pourtant, parce qu'elle est noire, elle est victime de discriminations (elle en prend conscience dès la primaire, alors que la maîtresse décrète qu'elle n'aura pas le rôle de Marie dans la crèche mais celui de Balthazar). C'est pour en comprendre les raisons qu'elle a réalisé le documentaire Trop noire pour être française ? diffusé ce vendredi 3 juillet à 23 heures sur Arte.
Commencé sous l'effet de la colère provoquée en 2010 par les propos de Jean-Paul Guerlain (« Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin... »), enrichi par des témoignages d’anonymes, des propos politiques (Sarkozy et « l'homme africain qui n'est pas entré dans l'histoire »), des stéréotypes publicitaires, et éclairé par les analyses d’Éric Fassin, Pap Ndiaye, Achille Mbembe, Patrick Simon et Sylvie Chalaye, Trop noire pour être française ? propose une réflexion sur les inégalités de notre société.
Voici, choisis par la réalisatrice, deux extraits des rushes, non présents dans son documentaire, pour prolonger la réflexion.
Elle lit à la famille de sa grand-mère Rose-Marie un extrait du manuscrit inachevé où son aïeule raconte sa rencontre avec Alphonse qui deviendra le grand-père de la réalisatrice.
- L'historien et professeur de science politique Achille Mbembe : « Le sort des Noirs dans le monde entier est lié à celui de l’Afrique »
Une conférence de l'anthropologue Sylvie Chalaye : femme noire, femme nue, femme sauvage