Relecture facétieuse d'un article du HuffingtonPost consacré à la réponse (dessinée) du rappeur Booba à la réponse (dessinée) de Luz dans Charlie Hebdo, qui faisait suite elle-même aux réponses de Booba aux questions (vidéo) du Parisien au sujet de certains extraits de son nouvel album, peu compatissants à l'endroit (et même à l'envers) du canard satirique plumé à Paris début janvier 2015 par les barbus frères Kouechi.
"CHARLIE HEBDO", prévient, en amorce sous-titrante, l'HuffingtonPost... Ce n'est pas sous l'égide du rap, de la politique ou des arts que tout ceci se place, mais, plus solennellement - on n'est même pas loin du sacré, et pas juste parce qu'il fut question de blasphème -, là où se situerait dorénavant le débat : la religieuse injonction faite à l'esprit d'être Charlie.
On se rappelle l'infecte joujournaliste mal coiffée à nom de bière qui, sur le Service public, exigeait que soient listés - en vue de leur offrir des séjours en spa rééducatifs, certainement - les malotrus qui sur les réseaux sociaux et dans la vie réelle se permettaient de ne pas se sentir Charlie Hebdo... sous l'unique prétexte que ce connard de Charb - pardon, un, comme disait Saint Jules Vallès, "La mort n'est pas une excuse", deux, les anti-fumeurs fachos, morts ou vifs, on leur chie dessus - et ses amis avaient été exécutés par des barbus djihado téléguidés - je veux pas faire le complotiste, mais des mecs financés par un imam mort en 2011 et qui font des crédits pour acheter une voitures fin 2014, il m'arrive de ne pas voir en eux les exclusifs coupables qu'on nous décrit...
Donc, c'est au nom désormais saint et sacré de Charlie que la polémique, le clash, la controverse qui agite les réseaux sociaux et les élites médiatiques, et oppose le rappeur Booba aux restants (pour ne pas dire aux restes) de Charlie Hebdo, continue de rebondir.
"Booba joue l'escalade. Après les propos très controversés du rappeur au sujet de Charlie Hebdo, le dessinateur Luz, qui continue à travailler pour l'hebdomadaire satirique, lui avait répondu par une caricature. Représenté nu et pas particulièrement à son avantage, le "D.U.C" était en train de faire de la musculation et son torse affichait un tatouage "Je suis gonflette". Le slogan "Booba n'est pas Charlie" surplombait le tout.
Une caricature que Booba n'a visiblement pas appréciée. Sur Instagram, le rappeur a posté la photo d'un dessin à son image: ultra-provocateur et trash. Dessiné au stylo, il représente visiblement le rappeur mettant son sexe dans la bouche d'une personne allongée qu'il maintient à terre le pied sur sa poitrine. Sur son torse, l'inscription "Je suis balaise" répond au "Je suis gonflette"."
L'insolent grand métis couleur café crème, l'MC capuccino, né d'une Blanche et d'un Nègre - un coup de hanche et c'est le ravin -, s'est permis d'user de son artistique liberté d'expression dans son dernier album, pour renvoyer dos à dos (ou cul botté à cul botté) Charlie et pas Charlie.
Tous soumis.
Là, le mi Limonov mi Dutroux qu'on appelle Luz, à qui l'on devra la Une du numéro de résurrection de Charlie Hebdo - le seul journal au monde qui a plus d'abonnements que d'abonnés -, a décidé de réagir. De répondre. Il s'est pas chié dessus ! Bim ! Un dessin dans ta gueule Booba ! Dieudonné, dans Charlie il y a dix ans, s'était mangé un cerveau aux dimensions d'une cacahouète, B2O se retrouve lui castré...
On peut se dire que Luz le finaud a ainsi pointé ironiquement le caractère phallique de l'icône Booba, il est vrai textuellement enculo-niqueur de première et formellement très attentif à sa plastique.
On peut aussi se demander ce qu'a ressenti Luz en castrant le rappeur vicieux de Miami.
C'est une constante, les amuseurs et autres libertaires se défient du Nègre peu souriant. Voir les pathétiquement douteux sketches des Guignols au début de la carrière de millionnaire d'Anelka.
Ils sont plus MC Solaar et Marius Trésor.
Et l'auteur de Tony Coulibaly est parfois un peu tête de con sur les bords.
Demandez aux gens du rap... entre ceux qu'il a clashés à distance, jusqu'à les rendre inaudibles, et ceux qu'il domestiqua en les faisant figurer, pardon, featurer sur ses morceaux...
Le prenant pour un rappeur, aucun éditorialiste n'oserait envisager que Booba a peut-être juste fourré tout le monde, à la Spike Lee, en déclenchant une rentable joute au moment où sortait son nouveau disque...se branlant complètement des histoires de Charlie, mais ayant capté le névralgisme artificiel d'une plaie visiblement entretenue.
Et en jouant, gammes médiatiques et sociologiques aussi astucieuses qu'efficaces : qui ignore aujourd'hui que pour répondre à Luz Booba a mis en dessin sa grosse bite dans la bouche du moribond Charlie ?
On attend déjà avec ravissement les punchlines inspirées par Luz et Charlie qui émailleront le prochain album.
Jacques Mesrine, ce n'est pas le moins charmant de son parcours, adorait se faire passer pour un gangster à conscience politique rougeoyante pour faire suinter les journalistes de Libé, dont il faisait les scribes fidèles et mythologisants de son épopée d'homme libre à biscotos et grande gueule. Semée de braquages et de prises d'otages.
Booba, lui, pour vendre des disque et continuer son oeuvre, se joue des diabolisations. Passant plus de temps sur les réseaux sociaux du 21ème siècle à scruter son impact et ses ventes qu'à salonner en promo à la télé du 20 ème.
Slalom habile et illisible pour la meute à oeillères qui se croit blanche entre les interdits et les réprouvés - Dieudonné, Ramadan clashé et ramené à la hauteur de Saïd Tagmaoui.
Communautarisme revendiqué - mi social, mi religieux et mi racial. "Chez nous, personne n'a les yeux bleus, à part un Huskie" (mettre Booba le disant). Comme tout le monde finalement, mais en le disant salement.
Sexisme aussi consternant que réjouissant - Diams.
Contre-exemple civique - à la fin des embrouilles, Booba ne s'absoud pas en appelant à voter (sous-entendu contre Le Pen).
Exil chez le Grand Satan - une piste fiscale à creuser, peut-être, on sait le procédé en vogue chez les limiers missionnés.
Adéquation politico-économique entre le discours, les postures et les pratiques - à l'inverse de ses confrères tous anti-mariage gay en privé et bien sûr de gauche en public. Point commun pas innocent avec un des (rares) autres authentiques artistes du rap français, Doc Gynéco.
"A travers les hashtags qui accompagnent le dessin - ajoutant au passage une belle touche de vulgarité - "
Ah, la vulgarité... venant du HuffingtonPost de la Sinclair, n'est-ce pas merveilleux (là, on met Eastwood qui le dit) ?
"Booba ne s'en prend pas qu'à Luz mais aussi à Laurent Ruquier. "#ruquierniquetesmortsnarvallo", écrit Booba en réponse aux propos de l'animateur sur son compte. "
Oh, la belle insulte communautaire...chez les raboins !
"Sur le plateau du Grand Journal, l'animateur de France 2 avait qualifié Booba de "Trierweiler du rap". "
Laurent Ruquier aussi Bouvard du pauvre qu'épais Pécuchet.
"Les caricaturistes ne s'attaquaient pas à l'Islam, non justement, ils s'attaquaient au terrorisme. Il n'a rien compris en fait Booba, et quand on n'a rien compris, on ferme sa gueule", s'était énervé Laurent Ruquier.
Où l'on se rend compte qu'en fait et comme souvent, c'est Ruquier qui n'a rien compris.
Ou bien que l'auteur Ruquier est moins tarte et demeuré que l'animateur Ruquier qui commence à glousser faux comme Sevran.
TEXTE - GREGORY PROTCHE