Le budget de la défense indien pour la prochaine année fiscale – qui commence le 1er avril en Inde – était attendu. Et il intéresse particulièrement la France étant donné que New Delhi négocie actuellement l’achat de 126 avions Rafale dans le cadre de son programme M-MRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft), dont certains verraient d’un bon oeil son abandon en faveur d’une solution jugée plus économique consistant à acquérir davantage d’appareils russes Su-30 MKI.
Ainsi, New Delhi a annoncé une hausse de près de 11% de son budget militaire, lequel sera donc porté à 2,46 trillions de roupies, soit 35,62 milliards d’euros (ou encore 40 milliards de dollars). Cela étant, cette augmentation à deux chiffres est à relativiser puisqu’il faut aussi prendre en compte l’inflation, de l’ordre de 6 à 7%.
« La défense de chaque centimètre carré de notre patrie vient avant toute autre chose », a fait valoir Arun Jaitley, le ministre indien des Finances, qui a présenté ce budget le 28 février.
L’un des objectifs du gouvernement indien, rappelé récemment par Narendra Modi, le Premier ministre, est de promouvoir le « Make in India » en matière de défense, afin de réduire la dépendance de l’Inde aux fournisseurs étrangers et de mettre sur pied une industrie locale compétititive. « Une nation disposant d’une forte industrie de défense ne sera pas uniquement plus sûre. Elle en retirera également d’importants bénéfices économiques », avait-il plaidé.
Le budget présenté par M. Jaitley va dans ces sens. « Nous poursuivons le ‘Make in India’ afin de parvenir à une grande autosuffisance dans le domaine des équipements de défense, y compris les aéronefs », a-t-il expliqué.
Pour autant, cette hausse des dépenses militaires indiennes permettra-t-elle de poursuivre la modernisation de ses forces armées? Certains observateurs en doutent, comme Gurmeet Kanwal du Centre for Land Warfare Studies. Le budget dédié aux investissements représente 40% des crédits alloués aux forces indiennes.
Or, ces dernières doivent mettre sur pied un corps spécialisé pour le combat en montagne et faire des acquisitions majeures, comme les 126 M-MRCA, 197 hélicoptères légers, 145 obusiers, 15 hélicoptères d’attaque Apache, des avions de transports ou encore des sous-marins et des frégates pour contrer la présence la marine chinoise dans l’océan Indien. Qui plus est, elles doivent mettre à niveau leurs systèmes de commandement et de contrôle (C2) et améliorer leurs capacités en matière de renseignement. Sans oublier qu’elles ont aussi à mettre en oeuvre la dissuasion nucléaire.
En clair, il y a beaucoup de dossiers sur la table, tous plus ou moins urgents, notamment pour l’India Air Force, qui peine à aligner le nombre d’escadrons d’avions de combat requis.