29 Janvier 2015
BRAZZAVILLE (LNC) — La profonde inimitié entre le président congolais et son homologue centrafricaine Catherine Samba-Panza aurait-elle une influence sur la manière de ce dernier à gérer la crise centrafricaine dont il en est officiellement le médiateur ? La tendance serait à le croire, au vu de ses dernières actions et autres volte-faces récurrentes.
RAPPEL
Denis Sassou N'Guesso n'a jamais porté Catherine Samba-Panza dans son cœur, secret de Chimène, et ses médiations dans la crise en RCA en permanence tentèrent de se passer d'elle, qu'en privé il traite "d'idiote prétentieuse juste bonne à lustrer ses pagnes". Bien avant la réunion de Brazzaville (Juillet 2014), fin décembre 2014, il avait déjà sollicité le président kényan pour une éventuelle rencontre entre les belligérants centrafricains, mais hors la présidente centrafricaine. Il suscita l'accord de l'Union africaine qu'il reçut. Le président Kenyatta donna son accord, sans se douter que Bangui n'était pas au courant.
Et N'Guesso de ne convoquer que les représentants de Djotodia et de Bozizé pour débattre d'un accord de cessez le feu entre eux. Simplement, toutes les factions Séléka et Anti-Balaka ne sont pas informées non plus de ces démarches, la plupart découvrant la chose à travers la presse.
Le seul à Bangui à être au courant était l'incontrôlable Joachim Kokate, que la présidente Samba-Panza crut bon d'intégrer dans son gouvernement.
Durant les tractations en cours, le 17 janvier dernier, le ministère congolais des Affaires étrangères émettait même un communiqué saluant "les avancées enregistrées lors des discussions de Nairobi".
LA BOITE DE PANDORE
A Nairobi, les participants en sont arrivés à une conclusion dont tout un chacun pouvait se douter. "AMNISTIE GENERALE "pour tous les criminels Anti-Balaka et Séléka, et rejet du pouvoir de Samba-Panza. Seuls des idiots pouvaient croire à des conclusions autres.
Denis Sassou N'Guesso qui ne s'attendait pas à cela, a ouvert la boîte de Pandore sans le savoir, car il remet sur le terrain, tout simplement la chienlit en Centrafrique. Balle au centre pour le "bordel généralisé". Négation du pouvoir pseudo légal de Bangui, outre passage des pouvoirs de l'ONU en RCA pour s'en remettre à la bonne volonté de criminels avérés. Car avec de telles pratiques, MINUSCA, EUFOR-RCA et SANGARIS n'ont plus rien à faire en RCA. Le président congolais s'en remettant aux caprices de Bozizé et de Djotodia.
Du coup, depuis le 27 de ce mois, il fait marche-arrière et désavoue l'accord signé à Nairobi. Chose écrite dans un document dont LNC s'est procurée copie. Dedans, officiellement, il informe le président Uhuru Kenyatta de son désavoeu des conclusions de la rencontre de Nairobi que lui-même a initiée. Denis Sassou Nguesso, tout en remerciant "de tout cœur" le président kényan
pour "sa contribution", estime que "les conclusions issues de ces négociations, en dépit de leur pertinence ne vont pas dans le bon sens." En regrettant que ces pourparlers aient "abouti à un accord supplémentaire entre les ex-Séléka et les anti-Balaka", tout en estimant que cela fait "un double emploi [préjudiciable] aux efforts consentis à Brazzaville". Et de conclure : "Cette hypothèse n'est ni envisageable, ni acceptable. Cet accord qui s'écarte du schéma de la médiation internationale ne saurait donc être validé".
En termes plus simples, le pompier pyromane fait marche arrière.
Aline M'Pangba-Yamara
Rédactrice en chef
© Janvier 2015 LNC - LA NOUVELLE CENTRAFRIQUE