Post initialement paru ici même le 27 janvier 2015...
Ce jour, dans un espace emmaüssien voué aux meubles pas chers mais où on trouve aussi des livres, entre les mémoires mitterrandiennes de Roland Dumas - très jolies pages sur Jacques Vergès - deux Dashiell Hammett et un A.D.G., déniché Dans les geôles de Kadhafi, d'Emmanuel Altit. L'avocat de Gbagbo à La Haye, devant la Cour pénale internationale pour les Africains seulement. 4 euros pour le tout. J'achète.
En rentrant, je pelote un peu le Dumas, jusqu'à tomber sur les pages consacrées à Vergès. Pour le moins différentes de celles du livre soi-disant "co-écrit" par Gbagbo et validé par un Altit visiblement désireux de tuer jusque dans le cercueil de Vergès la possibilité d'une Défense moins connivente que la sienne (si efficace, on l'a vu).
Feuillette mes Hammett.
Lis le début d'A.D.G.
La seule quatrième de couverture que je lis, allez savoir pourquoi, c'est celle d'Altit.
"De Sofia à Tripoli, de Londres à Paris en passant par New York, Emmanuel Altit dévoile les coulisses de l'affaire, les enjeux cachés, les négociations secrètes. Il explique sa stratégie gagnante : transformer l'affaire en une question politique internationale, mobiliser les consciences du monde entier, réveiller les opinions publiques et se servir des médias pour peser sur les politiques."
Il y a donc eu une période où Me Altit trouvait judicieux d'écrire un livre dans le cadre de la défense d'un client de dimension internationale...
Il y a donc eu une période où Altit écrivait lui-même, sans avoir besoin d'un vrai-faux livre faussement co-écrit par Gbagbo (et dont l'impact sur les médias internationaux aura, comme prévu, été nul).
Il y a donc eu une période où Me Altit trouvait indispensable de :
1) transformer une affaire en question politique internationale.
2) mobiliser les consciences du monde entier
3) réveiller les opinions publiques
4) se servir des médias
Quel dommage que le Président Gbagbo n'ait pas connu ce Me Altit-là.
Le sien est vissé à La Haye. Pas foutu d'aller même seulement à Abidjan informer, juste informer, les Ivoiriens de ce qui se joue à la CPI. Manifestement incapable aujourd'hui de "mobiliser les consciences, réveiller les opinions publiques et se servir des médias"...
Pas grave, les groupies de Gbagbo répètent jusqu'à s'en étourdir que le meilleur avocat de Gbagbo, c'est...Gbagbo.
Grégory Protche