Abdel Basset Sarout, joueur de football professionnel de premier plan en Syrie, fut longtemps pour les médias occidentaux une des icônes de la "rébellion", une star du combat pour la démocratie contre le vilain grand sec et méchant Bachar, une des preuves de la justesse et de la validité de LEUR engagement - permanent, univoque et propagandiste en diable - aux côtés des victimes du leader laïc soutenu par les Russes, les Chinois et les Iraniens...et réélu par les Syriens.
Le quotidien de révérence Le Monde a, par exemple et au hasard, consacré à ce joueur engagé des portraits plus qu'élogieux. Des portraits qui sont encore, des mois après leur parution, "réservés aux abonnés", preuve s'il en fallait de leur valeur.
Il est vrai qu'aujourd'hui Le Monde ne sert plus guère qu'à ouvrir ses colonnes, larges comme des cuisses, à des "journalistes" chargés de répandre la bonne parole ou le mensonge qui conviennent à la communauté internationale, cette machine infernale.
Qu'on se rappelle, toujours par exemple et au hasard, du dénommé Jean-Philippe Rémy...
À Abidjan, le 11 avril 2011, pendant que les forces françaises offraient le dernier président élu par la Côte d'Ivoire aux barbares hirsutes et analphabètes de Ouattara et Soro, M.Rémy, lui, voyait et racontait - sans que personne ni ne le corrigeât ni ne s'excusât dans les jours suivants - que Laurent Gbagbo fuyait en barque par la lagune !!!!!!!
Ce fut au même "journaliste" que revint l'insigne déshonneur de colporter, à travers Le Monde, les "informations" - authentifiées par Fabius le tremblottant - sur l'utilisation par Bachar du gaz sarin contre son peuple.
C'était l'époque où il ne fallait pas désespérer le Billancourt médiatique des élites occidentales : oui, la France et ses alliés avaient sinon raison au moins des raisons d'en vouloir à Bachar. Tous ceux qui parmi les anti-Bachar pouvaient assombrir, complexifier ou voiler cette image étaient bannis du débat - comme les opposants démocrates syriens -, ou - pour les "djihadistes" - arrangés, améliorés et leurs cv photoshopés. S'opposer à Bachar suffisait à vous recomposer une virginité militante. Vous nettoyait un sale bonhomme plus sûrement qu'un passage dans la légion étrangère. Même les barbus alquaidoïdes passaient les sélections !
C'est ainsi qu'Abdel Basset Sarout devint grand. Plus technique que Maradona, plus populaire que Pelé, plus efficace que Zlatan et plus manga que Neymar, à en croire les journaux non spécialisés. Si on ne l'avait pas, honteusement, supposé polygame, on nous aurait affirmé que sa femme était plus belle que celle de Beckham !
Et puis Bachar a résisté. Été soutenu. Tenu bon.
Le peuple français a découvert que :
1) les plus tourmentés et les plus instrumentalisés de ses enfants se convertissaient à l'islam et partaient guerroyer en... Syrie contre Bachar.
2) la communauté internationale avait de fâcheuses accointances avec les plus épouvantables émirats, sponsors des rebelles syriens, responsables de bien plus de morts encore que l'armée régulière.
3) en Syrie, comme en Libye - et partant comme au Mali, à qui la France a tordu le bras (déjà pas très droit) du pouvoir jusqu'à ce qu'il accepte de libérer quatre terroristes islamistes en rançon du dernier otage français Lazarevic (si, si, c'est pas une blague) -, la communauté internationale n'aime rien tant que de "se mobiliser" officiellement contre ceux qu'elle soutient officieusement.
Et puis, ce jour, sur twitter, on découvre que le grand joueur syrien héroïque a rallié le panache de "l'État islamique"... et on n'est ni étonné ni inquiet : cela ne changera rien, n'ouvrira les yeux de personne.
Texte / Louis Fall (feat.G.P.)